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Une rumeur déclenche une "chasse aux Roms" en Seine-Saint-Denis, dix-neuf personnes placées en garde à vue

Une fausse information accusant des Roms d'avoir enlevé des enfants pour alimenter un trafic d'organes a déclenché plusieurs expéditions punitives.

Article rédigé par franceinfo
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Un campement rom à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 4 octobre 2015. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Chasse aux Roms" en Seine-Saint-Denis. Une fausse information accusant des Roms d'avoir enlevé des enfants pour alimenter un trafic d'organes a déclenché plusieurs expéditions punitives contre cette communauté à Clichy-sous-Bois, Bobigny, Aubervilliers, Bondy et Noisy-le-Sec, rapporte France 3, mardi 26 mars. Vingt personnes ont été interpellées, a appris France Bleu Paris de source proche de l'enquête, confirmant une information de RTL.

Selon un communiqué de presse du parquet de Bobigny diffusé mardi soir, dix-neuf personnes – dix-sept majeurs et deux mineurs – ont été placés en garde à vue pour des faits de violences volontaires, dégradations par incendie et participation avec arme à un attroupement. "Le parquet de Bobigny n'est saisi, à cette heure, d'aucune enquête pour des faits d'enlèvement de mineurs par des personnes de la communauté rom", indique par ailleurs le communiqué. 

Deux policiers légèrement blessés

Les incidents ont commencé à 20 heures, à Bobigny. Une vingtaine de personnes armées de bâtons se sont introduites dans un pavillon squatté par des Roms. Ces derniers ont réussi à prendre la fuite et à se réfugier dans une grande surface à proximité. L'un des participants à cette expédition punitive a été rapidement interpellé par les effectifs de la BAC territoriale. Quatre autres assaillants ont ensuite été arrêtés dans le secteur par les policiers venus en renfort.

Ils voulaient en découdre avec les Roms. Au cours de l’intervention, deux policiers ont d'ailleurs été légèrement blessés et un véhicule administratif a été dégradé par un projectile. Des effectifs policiers ont ensuite été déployés en renfort pour sécuriser le secteur. Peu après 21 heures, les 23 Roms, qui s'étaient réfugiés dans le magasin, ont regagné leur squat et ont souhaité se rendre à la Porte de la Chapelle, à Paris, pour y passer la nuit. Ils ont été escortés par les policiers. Les cinq personnes mises en cause, dont deux mineurs, ont été placées en garde à vue.

A Bobigny, des faits similaires ont eu lieu vers 21 heures, lundi. Une cinquantaine de personnes armées de couteaux et de bâtons ont menacé des Roms installés en bordure de la RN 3. Deux camionnettes leur appartenant ont été incendiées et un véhicule particulier, stationné à proximité, a été dégradé par propagation des flammes. Sept personnes, dont deux Roms et un mineur, ont été interpellées par les policiers locaux et placés en garde-à-vue.

Aucune plainte enregistrée pour enlèvement

Toujours à Bobigny, mais plus tard dans la nuit, vers 1 heure du matin mardi, une nouvelle rixe a éclaté entre des Roms et une quinzaine de personnes. Ces derniers, qui avaient vu la rumeur circuler sur les réseaux sociaux, auraient suivi une camionnette jusqu’au campement. Les policiers ont interpellé huit des protagonistes, dont deux Roms. Ils étaient en possession de couteaux, de barres de fer, de bâtons, de pioches et de briques. Ces huit personnes ont été placées en garde à vue.

La rumeur s'est également répandue dans les Hauts-de-Seine il y a une dizaine de jours : à Colombes, deux occupants d'une camionnette blanche ont été roués de coups par une foule hostile, qui les soupçonnait de vouloir enlever des enfants. Les deux personnes ont été secourues par la police. Joint par franceinfo lundi, le parquet de Nanterre est formel : il n'y a aucun signalement ni aucune plainte enregistrée pour un enlèvement ou pour une tentative d'enlèvement de mineur ces derniers jours dans les Hauts-de-Seine. Cela fait des années que cette histoire de camionnette blanche crée des fantasmes sur Facebook, en France mais aussi à l'étranger, comme le rappelait mardi matin Antoine Krempf dans Le Vrai du Faux, sur franceinfo. 

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