Ce qu'il faut retenir du discours de politique générale de Cazeneuve
Le nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve a passé mardi son premier grand oral devant l'Assemblée nationale.
Il a commencé son discours en évoquant la situation à Alep. "Je dénonce l'horreur de ces massacres et j'affirme que ceux qui les ont perpétrés auront à rendre compte, devant la communauté internationale, des crimes dont ils sont les auteurs", a déclaré Bernard Cazeneuve mardi 13 novembre en préambule de son discours de politique générale, devant l'Assemblée nationale.
Le nouveau Premier ministre a ensuite embrayé pendant 50 minutes avec deux mots d'ordre : "préparer l'avenir" et "protéger les Français". L'ancien ministre de l'Intérieur a également ciblé l'opposition et son nouveau chef de file, le candidat à la présidentielle de la droite, François Fillon. Franceinfo dresse la liste de ce qu'il fallait retenir de ce grand oral.
Il a défendu le bilan de François Hollande
François Hollande a trouvé en Bernard Cazeneuve le parfait défenseur du bilan de son quinquennat. "Je veux poursuivre les réformes engagées par les gouvernements Ayrault et Valls. (...) Le gouvernement sera pleinement engagé à consolider ces résultats", a assuré le nouveau Premier ministre, citant dans la foulée les textes mis en œuvre depuis 2012.
Parmi ces réformes, il a notamment cité "la création de 60 000 postes dans l'Education nationale là où en avaient été détruit 80 000", "la création de 31 000 postes de personnels soignants", la réduction du "déficit de la Sécurité sociale à 400 millions alors qu'il était à 17,4 milliards d'euros en 2011" ou encore les créations de postes chez les forces de l'ordre avec "un milliard d'euros alloué durant le quinquennat".
Outre les créations de postes, Bernard Cazeneuve a également insisté sur la lutte contre le chômage avec "la baisse du nombre de demandeurs d'emplois". Au chapitre des réussites, il a ensuite cité la réforme territoriale, la création des nouvelles régions et la constitution "déjà" de "15 métropoles". Enfin, en matière de lutte contre le terrorisme, il a évoqué "17 projets d'attentats déjoués" et "420 personnes liées à l'islamisme radical arrêtées depuis le début de l'année 2016".
Il a attaqué l'opposition (et François Fillon)
L'opposition, qui a manifesté bruyamment son opposition durant le discours, n'a pas échappé aux piques acerbes de Bernard Cazeneuve. Le Premier ministre a tout particulièrement ciblé François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle, qui a bien compris sur son banc, qu'il était le destinataire du message.
Le chef du gouvernement a attaqué le député de Paris sur son controversé programme en matière de santé. "On peut réformer sans abîmer, on peut moderniser sans détruire", lui a lancé Bernard Cazeneuve. "Quand certains, dans cet hémicycle, se situent dans une perspective de déremboursement des dépenses de santé, mon gouvernement, lui, agira inlassablement pour renforcer le droit de nos concitoyens à se faire soigner", a-t-il ajouté.
Autre pique adressée à l'opposition : la réticence voire le farouche combat de certains à droite contre l'accueil des migrants, notamment après le démantèlement de la "jungle" de Calais. Bernard Cazeneuve a ainsi d'abord salué ces maires de France "de tous bords politiques" qui ont accueilli des migrants, avant de fustiger "ceux qui vocifèrent ici et qui auraient été bien inspirés de les écouter et de suivre leur chemin".
Le Premier ministre a néanmoins terminé son discours en insistant sur la notion de respect et a promis d'"être dans chaque instant dans le respect de l'opposition" car "les Français qui nous voient sont aussi les Français qui nous jugent".
Il a répété le calendrier du gouvernement pour les cinq mois à venir
Le Premier ministre n'a pas annoncé de réformes qui n'étaient pas déjà connues mais a simplement affirmé son intention de poursuivre ce qui a déjà été engagé. "Je veux continuer à réformer pour poursuivre le redressement de notre pays", a-t-il assuré. Le locataire de Matignon a longuement détaillé les réformes qu'il comptait mener dans les mois qu'il reste avant la fin du quinquennat. Premier objectif : la lutte contre le chômage qui "restera évidemment la priorité du gouvernement".
En matière de santé, son gouvernement, "dès le début de l'année de 2017", prendra "de nouvelles mesures pour assurer l'accès des patients aux soins dans les territoires, pour lutter contre les déserts médicaux et inciter les professionnels de santé à y exercer". Il a notamment évoqué la "généralisation du tiers payant dès le 1er janvier 2017".
La lutte contre le terrorisme et la délinquance a également été largement abordée par l'ancien "premier flic de France". Bernard Cazeneuve a notamment évoqué l'adoption le 21 décembre en Conseil des ministres "d'un projet de loi relatif à la sécurité publique précisant notamment les règles d’usage des armes". Les forces de l'ordre verront aussi leurs effectifs renforcés avec "la garde nationale dont les effectifs atteindront progressivement 85 000 membres".
Concernant l'économie, le chef du gouvernement a annoncé que le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) "sera renforcé en janvier avec un taux porté à 7%" et que "le taux normal de l’impôt sur les sociétés sera progressivement ramené à 28 % d’abord pour les PME puis pour l’ensemble des entreprises". Autre mesure : l'expérimentation début janvier du dispositif "zéro chômeur de longue durée" dans 10 territoires et l'annonce d'une "aide exceptionnelle de 335 euros" pour 210 000 apprentis de moins de 21 ans, seule annonce nouvelle du discours.
Il a détaillé son engagement (et cité Jaurès)
La fin du discours de Bernard Cazeneuve a pris une tonalité bien plus personnelle. "J'ai vu le pays de près dans les épreuves", a-t-il affirmé, parlant de "sa force", "de son courage" et "de ses ressources infinies de sang froid". Pour le Premier ministre, "notre pays est un grand pays", qui "s'est montré capable de résister à la puissance déchaînée contre lui du terrorisme".
Le Premier ministre a aussi convoqué une figure qui lui est chère, celle de Jean Jaurès, citant une phrase prononcée par cette figure majeure du socialisme en 1903 devant les élèves du lycée d’Albi : "Le courage, c’est de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il réserve une récompense."
"Dans les mois qui sont devant nous, je vous propose de nous consacrer aux grandes causes. Et il n’en est pas de plus grande que de servir notre pays", a conclu Bernard Cazeneuve, sous les applaudissements de la majorité.
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