Revenu universel : "Dénigrer ces débats serait une erreur", selon l'économiste Thomas Piketty
Mesure phare du programme de Benoît Hamon, le revenu universel est attaqué par Manuel Valls, qui le désigne comme trop lourd pour le budget français. L'économiste Thomas Piketty, auteur d'une tribune dans Le Monde avec une dizaine de ses confrères, n'a pas partagé le même constat, mercredi sur franceinfo.
Le revenu universel peut-il être appliqué sans mettre en danger l'économie française ? Cette mesure, inscrite au programme de Benoît Hamon, est au coeur des débats du second tour de la primaire de la gauche. Son rival, Manuel Valls, a lui déclaré que son application serait "la ruine de notre budget".
Dans une tribune publiée jeudi 26 janvier dans le journal Le Monde, une dizaine d'économistes définissent au contraire le revenu universel comme "crédible et audacieux". Thomas Piketty, un des économistes signataires de la tribune et auteur du livre Capital au XXIe siècle, a même estimé sur franceinfo que "dénigrer ces débats serait une erreur. Ce sont des débats d'avenir et il faut les avoir."
Une mesure "audacieuse" et "novatrice"
L'économiste juge en effet que la proposition de Benoît Hamon, "si elle est correctement précisée, peut être tout à fait pertinente sur le plan économique", en étant en plus "tout à fait audacieuse et beaucoup plus novatrice que ce que l'on entend".
Thomas Piketty a cependant fait une mise au point : "Nous ne sommes pas les porte-parole de Benoît Hamon". Pour l'économiste, la mise en place du revenu universel est "quelque chose qui doit se faire par étape" et qui "pose des questions très sérieuses".
Ce système serait "sous condition de ressources : il concernerait d'abord les salaires inférieurs à 2 000 euros et les montants ne seraient pas les mêmes pour tout le monde".
Benoît Hamon n'a jamais dit qu'il voulait donner 600 euros par mois à 50 millions d'adultes en France. L'enjeu du revenu universel, c'est d'abord les jeunes et ensuite les bas salaires.
Thomas Piketty, économistesur franceinfo
L'économiste précise que "si on veut que le revenu universel marche, il faut commencer par simplifier l'existence". Selon lui, le plus simple serait que "tout ce complément de revenu soit versé automatiquement sur le bulletin de salaire. C'est la façon de rendre le revenu universel véritablement universel".
Face aux critiques, notamment de Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président du Medef, qui estime qu'il s'agit "d'un incroyable appel d'air à ne pas travailler", Thomas Piketty souligne que "le but, au contraire, est de revaloriser le travail, en augmentant le salaire net des personnes à bas salaires".
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