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"Un homme respectable, digne, intelligent, mesuré" : on a parlé avec une fan inconditionnelle de François Hollande

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande parle avec quelques-uns de ses supporters lors des vœux à Tulle (Corrèze), le 18 janvier 2015. (CHAMUSSY / SIPA)

Invité de France inter lundi matin, Jean-Christophe Cambadélis n'en a pas cru ses oreilles : au bout du fil, une auditrice a fait l'éloge du président sortant. Franceinfo l'a retrouvée.

Le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, est l'invité, lundi 24 octobre, de la matinale de France inter, et répond aux questions de Patrick Cohen. Jusque-là, rien d'anormal. Mais le journaliste l'interrompt : au standard, une auditrice souhaite l'interpeller. D'une voix posée, elle explique avoir lu le livre de confidences de François Hollande, Un président ne devrait pas dire ça. A rebours du torrent de critiques qui s'est abattu sur le chef de l'Etat après sa parution, Sylvia, elle, a achevé les 672 pages de l'ouvrage avec un sentiment plus que positif sur François Hollande.

"Pourquoi avez-vous honte de lui ?"

"Je suis sidérée qu'aucune personnalité de gauche, y compris et surtout au PS, n'ose élever la voix pour dire que dans ce livre, on voit un homme respectable, digne, intelligent, mesuré, et surtout un homme d'action, qui a fait de grandes choses et qui n'a rien à envier aux derniers présidents qui ont trôné en France, s'enflamme l'auditrice. Alors pourquoi la gauche a enterré cet homme ? Pourquoi avez-vous honte de lui ? Pourquoi n'osez-vous pas élever la voix pour dire : 'c'est un homme qu'on peut défendre et qu'on doit défendre' ?" (regardez la vidéo à partir de 2 minutes et 47 secondes).

La position de l'auditrice est si iconoclaste que dans le studio de France inter, le patron du PS, au lieu d'approuver ses paroles, esquisse d'abord un sourire un brin moqueur, avant de lâcher un "merci pour ce moment" plein d'ironie.

"Le meilleur candidat possible"

Curieux d'en savoir plus sur cet objet votant non identifié qui porte aux nues un François Hollande rejeté en masse par l'opinion, franceinfo a contacté Sylvia. Cette octogénaire qui vit dans les beaux quartiers de Paris assume le fait de compter parmi les 4% de Français qui, selon une enquête du Cevipof publiée mardi 25 octobre dans Le Monde, sont satisfaits de l'action du président de la République.

Ce n'est pas le merle blanc, mais je pense que François Hollande est le meilleur candidat possible pour que la gauche reste au pouvoir.

Sylvia, supportrice de François Hollande

à franceinfo

Professeure de civilisation américaine à l'université de Nanterre, puis à celle de Tours, Sylvia Ullmo a occupé des responsabilités syndicales pendant de longues années, mais n'a jamais milité au PS, ni dans aucun autre parti. "Je suis allée deux ou trois fois écouter ce qui se racontait aux réunions de section PS du 5e arrondissement de Paris, mais ça ne m'amusait pas beaucoup", balaye-t-elle.

Sylvia Ullmo. (DR)

"Je ne comprends pas le Hollande-bashing"

Aujourd'hui, elle voit en François Hollande un "homme profondément humain", un "sage plongé dans un tourbillon de haine et de critiques", qui a toujours tenté "de ne pas réagir avec médiocrité". "Un modèle de retenue auquel il a manqué une qualité essentielle à ce niveau de responsabilité : la haine", poursuit-elle, soulignant la naïveté d'un président qui pensait que le "devoir d'exemplarité" suffirait à lui rendre justice.

A quelques mois de la présidentielle, elle observe, désespérée, cette gauche en ruines, promise à une débâcle. "Je ne comprends pas le 'Hollande bashing'. Dans ce quinquennat, la gauche a réagi comme si elle avait voulu qu'il prenne d'un seul coup toutes les mesures dont elle rêvait depuis la nuit des temps. Mais quoi qu'il fasse, ce n'est jamais assez, car la gauche française est une gauche de colonels aux ego débridés", lâche-t-elle.

J'en veux à cette gauche car elle nous emmène vers le précipice : demain je risque de devoir choisir entre la droite et l'extrême-droite.

Sylvia, supportrice de François Hollande

à franceinfo

Dans ce cas de figure – probable – où le second tour de la présidentielle opposerait Marine Le Pen au candidat de la droite, Sylvia Ullmo hésite encore sur l'attitude à suivre. "En 2002, j'ai voté pour Chirac en me bouchant le nez. Je ne le regrette pas, mais je ne sais pas si j'irai voter cette fois pour Nicolas Sarkozy, ni même pour Alain Juppé", confie-t-elle, navrée de voir certains électeurs de gauche tentés de voter Juppé à la primaire à droite : "Si c'est lui l'espoir de la gauche, c'est un peu triste…"

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