Cet article date de plus de neuf ans.

Qu'est-ce que le "service militaire adapté" évoqué par François Hollande ?

Lors de sa conférence de presse, le président a annoncé l'expérimentation en métropole de ce dispositif existant depuis 1961 en outre-mer.

Article rédigé par Clément Parrot - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande avec des jeunes volontaires engagés dans un servce militaire adapté, le 2 août 2014, à Tsingoni (Mayotte). (ALAIN JOCARD / AFP)

SMA. Comme service militaire adapté. Lors de sa conférence de presse semestrielle, jeudi 5 février, François Hollande a annoncé l'expérimentation en métropole de ce dispositif d'insertion sous encadrement militaire, actuellement en vigueur seulement en outre-mer. Trois centres doivent être créés en métropole, selon l'annonce du chef de l'Etat.

Pour comprendre le fonctionnement et l'intérêt du SMA, francetv info a interrogé le capitaine L., chargé de la communication de ce dispositif au sein du ministère des Outre-mer.

Francetv info : Qu'est-ce que le service militaire adapté, dit SMA ?

Capitaine L. : Le SMA existe depuis 1961. Il s'agit d'un dispositif d'aide à l'insertion professionnelle proposé à certains jeunes d'outre-mer. Au départ, cela concernait la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique. Progressivement, le dispositif s'est étendu à la Polynésie française, Mayotte, la Réunion et la Nouvelle Calédonie. En 2014, nous avons accompagné plus de 5 000 jeunes et nous prévoyons de monter à 6 000 à l'horizon 2017. 

Le système fonctionne sur le principe du volontariat. Le jeune souscrit un contrat d'engagé volontaire des armées. L'idée est de lui apporter un cadre pour travailler sur son comportement. Concrètement, nous avons cinq règles d'or que nous transmettons aux jeunes : être à l'heure, être en tenue, respecter la sécurité (ce qui est utile dans toute entreprise), travailler en équipe et respecter son chef. Pour résumer, notre contrat opérationnel, c'est l'insertion professionnelle, que nous tâchons de favoriser par la transmission de valeurs éducatives.

Comment se déroule ce service militaire ?

F.L. : Nous commençons par faire une évaluation des possibilités de chaque volontaire, notamment physiques pour vérifier qu'il n'y a pas de contre-indication médicale. Puis commence une formation militaire d'une durée d'un mois pendant laquelle nous travaillons sur les cinq règles d'or déjà citées. L'idée reste de susciter une dynamique de réussite positive, que le jeune se dise : 'Si je suis capable de courir un kilomètre ou de faire 10 pompes, je suis capable d'en faire encore un petit peu plus.'

Ensuite nous élaborons un projet professionnel avec chaque jeune. En fonction de ce que l'on a évalué, de sa qualification et de ses appétences, nous lui proposons une formation. L'ensemble du service va donc durer entre 6 et 12 mois, au cours duquel il va obtenir une remise à niveau (30% des jeunes accueillis sont illettrés et plus de 60% n'ont pas de diplôme), la possibilité de passer son permis B ou encore une formation aux gestes de premiers secours. Nous lui apprenons aussi à rédiger un CV ou à se préparer à des entretiens d'embauche.

Concrètement, comment se déroule l'insertion professionnelle ?

F.L. : Nous avons un taux d'insertion professionnelle de 77% en 2014 et de 76% en 2013. Pour obtenir ces bons résultats, nous travaillons au plus près des entreprises et en partenariat avec les préfectures, les chambres de commerce, Pôle emploi. Nous ciblons les filières en demande, les besoins des territoires, les métiers en tension. Par exemple à Mayotte, l'aquaculture représente un véritable vivier d'emplois. 

Il s'agit d'une mission pour rendre les jeunes employables afin de leur apporter une reconnaissance sociale et citoyenne. Les entreprises ont besoin de jeunes rigoureux, motivés, fiables et capables d'arriver à l'heure.

Il existe aussi des Epide (Établissements publics d'insertion de la Défense). François Hollande souhaite en créer de nouveaux. Quelle est la différence avec le SMA ?

F.L. : Les Epide ont été créés sur le modèle des SMA, en 2005. La principale différence reste qu'ils ne sont pas encadrés par des militaires, mais généralement par d'anciens militaires. La tutelle ministérielle est également différente, puisque les Epide sont sous l'autorité à la fois du ministère de l'Emploi, de la ville et de la Défense.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.