Quel avenir politique pour DSK ? Ce qu'on en dit dans les milieux politiques
Disculpé, Dominique Strauss-Kahn peut rentrer en France. Les socialistes expriment leur soulagement et attendent la contribution de l'ex-directeur général du FMI à la campagne présidentielle. La droite, elle, ne critique pas un éventuel retour.
Les socialistes sont soulagés. Ils louent la justice américaine et se désolent du "lynchage médiatique" subi par DSK . L'ex-patron du FMI n'a même pas encore franchi l'Atlantique, que les socialistes pensent déjà au rôle qu'il jouera lors des prochaines échéances.
Pour le favori des sondages, François Hollande, "Dominique Srauss-Kahn a des compétences, une expérience à la tête du FMI, et avant comme ministre des Finances. Et cette expérience et cette compétence pourront être utiles à son pays".
Michèle Sabban, vice-présidente du Conseil Régional d'Ile-de-France, est encore plus enthousiaste : " Regardons son bilan ! Il était excellent au ministère de l'Economie, il était excellent au FMI (...). La crise économique sans précédent que nous traversons et l'absence de leadership en Europe nous montrent ainsi à quel point ses compétences nous sont précieuses et qu'aujourd'hui elles nous font cruellement défaut ".
"C'est maintenant à lui de décider ce qu'il veut faire (...) et quelle place il veut occuper dans le débat public", a affirmé la députée PS Elisabeth Guigou. Ses "analyses" sur la crise économique sont "attendues", a-t-elle souligné.
Jean-Christophe Cambadélis, ex-bras droit de DSK, évoque avec prudence le futur de son mentor dans une interview au quotidien Libération : "La thèse d'un retour à la manière du compte de Monte-Cristo est un peu romanesque.[…] Le précipiter dans le chaudron politique français après ce qu'il a subi. Est-ce un conseil d'ami ? Il reste un homme d'Etat, une fantastique machine intellectuelle avec une expertise économique intellectuellement reconnue, dans une crise systémique non résolue. Ce qu'il fera personne ne peut le décider à sa place."
Réaction à droite
Le ministre UMP de la Défense, Gérard Longuet, a qualifié d'"énorme gâchis" l'affaire DSK. "Tant de compétence, de culture, de savoir-faire, de séduction méritaient mieux que cette très pénible affaire, a-t-il jugé. "Sur le terrain des idées on l'écoutera toujours mais sur le terrain de la responsabilité politique, ce sera plus dur", a ajouté le ministre.
Le avait déjà expliqué que "du point de vue de sa personne, je suis heureux pour M. Strauss-Kahn car il a subi une épreuve judiciaire particulièrement lourde", a réagi le secrétaire général de l'UMP.
Le point de vue de Marine Le Pen
Selon Marine Le Pen, l'affaire DSK laisse "un goût nauséabond". Mais elle n'a pas exclu un retour de Dominique Strauss-Kahn sur la scène politique française. "J'ai toujours dit que je regrettais sa disparition du champ politique, en tout cas pour cette présidentielle de 2012, puisqu'il m'apparaissait comme étant le meilleur candidat, en ce sens qu'il était un symbole du mondialisme, du modèle ultra-libéral qu'il défendait au sein du FMI, et qu'il aurait permis de confronter deux visions radicalement différentes lors de cette présidentielle", a poursuivi la présidente du Front national.
Réactions de femmes
Deux députées de camps opposés ont regretté l'abandon des poursuites. "Une mauvaise nouvelle pour les femmes", a déploré (PCF), tandis que Françoise Hostalier (UMP) a fustigé "un individu indigne de toute représentation démocratique".
En coulisses...
La gauche et la droite s'accordent à dire -une fois n'est pas coutume- que le possible retour de DSK serait une bonne nouvelle pour le débat d'idées. Mais, en coulisses, l'heure ne serait pas tellement à la fête. D'après le Canard Enchaîné, "un député, conseiller de Martine Aubry, relativise 'la bonne nouvelle' : 'Le 14 mai nous a gâché le lancement des primaires, le 23 août va nous saloper la campagne. A commencer par la Rochelle...'"
Et le journal satirique de poursuivre: "Un ami de Hollande en rajoute : 'La presse, les sympathisants, tout le monde va nous emmerder avec le retour de DSK. Sans compter la droite et l'extrême-droite qui vont faire des allusions au pouvoir de l'argent dans cette affaire. Sa libération va plomber les primaires."
Le Canard cite également "une huile socialiste amie" de l'ex-boss du FMI: "Dominique sait parfaitement qui a dit quoi et quand. Il saura s'en souvenir".
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