Référendum au PS : des militants loin d'être tous sur le pont
C'est simple, dans la Nièvre, on vous propose même de rentrer à Paris avec les 40 "kits de vote" envoyés par Solférino. Ici c'est pour se moquer qu'on se repasse en boucle le message de mobilisation que le premier secrétaire a envoyé par téléphone aux militants.
A Nevers, au bureau de la fédération, la pièce maîtresse de la décoration, c'est une affiche de François Mitterrand dans les années 70 qui proclame : "Le socialisme fait son chemin". Et justement, pour Sylvain Mathieu, le patron de cette fédération frondeuse, en l'occurrence, le problème, c'est que la direction du PS a perdu le cap : "Ça arrive comme un cheveu sur la soupe. Notre souci aujourd'hui c'est de faire campagne. On pense que c'est une ânerie. On a des dirigeants qui sont hors sol. Demander aux gens de gauche s'ils veulent l'unité de la gauche, c'est comme demander à un aveugle s'il veut retrouver la vue. Ce n'est pas en organisant ce référendum en trois semaines qu'on va pouvoir changer quoi que ce soit ".
Pas de referendum dans le "58" ?
Marie-Françoise Lobriaut est dixième sur la liste départementale. Cette assistante sociale à la retraite ne veut pas s'associer à ce qu'elle considère comme un signal de mépris envoyé aux partenaires du PS : "C'est vraiment très maladroit. On oppose les électeurs aux partis qui sont nos partis frères avec qui on a envie de faire alliance. Quand on est chef d'un parti, on ne joue pas contre les autres responsables des partis. Et ce qu'on voit dans la Nièvre, c'est que c'est la base qui ne veut pas de l'alliance au premier tour. Elle est tellement en colère sur la politique du gouvernement. Ils ont des raisons objectives. Nous, on le comprend ".
Résultat, le premier secrétaire de la section de Cosne-sur-Loire, Hicham Boujilat pense déjà à la deuxième vie des bulletins de vote et des kits, qui ont quand même coûté 200.000 euros : "Je défends l'idée de l'éco-socialisme. On ne va rien brûler, on ne va rien jeter, mais on va retourner les feuilles. Et puis on va en faire des brouillons ".
Voilà donc l'ambiance. Sans parler de boycott, on considère qu'on a autre chose à faire que d'organiser cette consultation. Ce week-end, on sera sur le pont, mais pas pour suivre le slogan de Solférino. Uniquement pour faire campagne.
Militants motivés
C'est le cas par exemple en Ile de France. A Saint-Ouen-l'Aumône, dans le Val-d'Oise, hier à 6 heures et demi du matin, ils étaient une dizaine, dans le froid, à distribuer des tracts aux portillons de la gare RER. Ici qu'on soit élu, cadre du parti, ou simple militant, on ne dissocie pas référendum et élections régionales. Au contraire, on considère que ce vote, c'est le lever de rideau de la campagne : "C'est une introduction aux régionales qui vont avoir lieu dans deux mois. Après, on aurait peut-être dû commencer plus tôt, en septembre ", dit un militant. "C'est un moment où on se retrouve entre militants. C'est important, on resserre les rangs ", ajoute sa camarade. "Face à des droites qui se radicalisent vers les extrêmes, on a tout intérêt, nous, à réaffirmer nos valeurs à gauche dès le départ et à construire ensemble un programme et un projet solide. On sait que si on fait l'unité au second tour, il y aura de la perte en ligne ", analyse une autre.
Il y a 130.000 adhérents au PS. Moins de vote ce serait un camouflet. Proposer un projet commun "dès le départ", cela reste l'objectif du PS qui devrait présenter la semaine prochaine des propositions capables de rassembler.
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