Ségolène Royal est-elle "écolo-compatible" ?
Les écologistes semblent accueillir avec satisfaction la nomination de Ségolène Royal au ministère de l'Ecologie.
Ségolène Royal fait son grand retour sur la scène politique nationale. Deux jours après la désignation de Manuel Valls comme chef du gouvernement, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle a été nommée ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, mercredi 2 avril. Mais est-elle "écolo-compatible" ?
Oui, elle a déjà agi à ce poste il y a 22 ans
Dès l'annonce de sa nomination, Ségolène Royal n'a pas manqué de rappeler que le ministère de l'Ecologie est une maison qui ne lui est pas étrangère. Ancienne conseillère de François Mitterrand, elle a en effet déjà été ministre de l'Environnement d'avril 1992 à mars 1993, dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy.
Ségolène Royal avait alors représenté la France lors du fondateur sommet de la Terre, à Rio de Janeiro. De son bilan à ce ministère, elle peut mettre en avant plusieurs lois : l'une pour favoriser la valorisation des déchets et mieux prendre en compte les impacts environnementaux de leur élimination, une seconde pour lutter contre la pollution sonore, et une autre rendant obligatoire la prise en compte des paysages dans l'attribution des permis de construire.
Oui, elle a agi en faveur de l'écologie dans sa région
Plus récemment, Ségolène Royal a également eu à œuvrer en faveur de l'environnement, en tant que présidente du Poitou-Charentes. Vantant "l'excellence environnementale" de sa région, l'ancienne députée des Deux-Sèvres peut se targuer d'avoir fait adopter plusieurs plans en faveur des énergies renouvelables, et d'avoir largement promu le développement de la voiture électrique.
Critique sur la manière qu'a Ségolène Royal de gouverner au conseil régional, le patron des élus écologistes en Poitou-Charentes, Serge Morin, lui reconnaît toutefois "un bon bilan" en matière d'environnement. "Avec notre soutien, elle a beaucoup agi en faveur du développement du photovoltaïque, de la qualité de l'eau, des transports propres, de la voiture électrique, de la relabellisation du Marais poitevin", énumère Serge Morin, contacté par francetv info.
Oui, elle est contre le gaz de schiste, contre Notre-Dame-des-Landes et pour une sortie du nucléaire
Sur les dossiers nationaux, Ségolène Royal s'est déjà exprimée contre l'exploration des gaz de schiste, tant que "la maîtrise" des techniques de forage "n'est pas garantie". Ne fermant pas la porte à une exploitation par "les générations futures", elle jugeait "nécessaire de poursuivre la recherche sur les procédés d'extraction propres à long terme".
Candidate à la primaire socialiste en 2011, Ségolène Royal s'était par ailleurs prononcée en faveur d'une sortie du nucléaire en France à "échéance de 40 ans maximum", souhaitant à court terme ramener le nucléaire à "une énergie d'appoint". Elle promettait également d'abandonner la construction du futur réacteur EPR de Flamanville, et d'en faire un site de recherche sur les techniques de démantèlement et les énergies renouvelables.
Enfin, à propos du projet controversé d'aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, Ségolène Royal avait appelé à "une nouvelle enquête d'utilité publique" sur ce dossier cher à Jean-Marc Ayrault. Elle avait notamment évoqué la possibilité de "trouver un site moins nuisible et moins fragile" que celui de Notre-Dame-des-Landes. Une position qui avait été saluée par plusieurs opposants au projet.
Non, elle est contre la taxe carbone et la taxe diesel
En revanche, le coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, François de Rugy, ne cache pas son inquiétude en constatant que Ségolène Royal a défendu des positions hostiles à la taxe carbone ou à la taxe diesel, si chères aux écologistes. A de nombreuses reprises, la nouvelle ministre a en effet estimé que "l'écologie ne doit pas être traitée sous l’angle punitif par des impôts".
"Nous avons évidemment une interrogation très forte sur le fait de savoir si cette politique de fiscalité écologique sera maintenue et approfondie, comme cela avait été dit il y a quelques mois par le président de la République", commente François de Rugy.
Contacté par francetv info, son collègue François-Michel Lambert, député EELV des Bouches-du-Rhône, veut néanmoins croire "qu'avec toutes ses qualités et sa pugnacité, Ségolène Royal fera aussi bien en matière de transition énergétique que si un ministre écologiste avait été nommé à sa place". Un avis partagé par un autre député EELV, Denis Baupin, qui voit en Ségolène Royal "une ministre dont l'expérience, les convictions et la pugnacité peuvent faire réussir la transition énergétique".
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