Remaniement : trois choses à savoir sur François Braun, le nouveau ministre de la Santé
Ce médecin urgentiste avait déjà été chargé de réaliser la "mission flash" voulue par Emmanuel Macron sur la crise des urgences.
Après la défaite de Brigitte Bourguignon aux législatives, c'est François Braun qui lui succède en tant que ministre de la Santé et de la Prévention au sein du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne. Un poste stratégique tant les dossiers s'empilent sur la table du ministère depuis des semaines.
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Auteur de la "mission flash" demandée par Emmanuel Macron sur les "soins non programmés", le président de l'association de médecins urgentistes Samu-Urgences de France (SUdF) était jusqu'ici peu connu du grand public. Franceinfo revient sur les trois choses à savoir sur le nouveau ministre de la Santé.
1Il est médecin urgentiste
Avant d'être nommé au gouvernement, François Braun dirigeait le service des urgences du CHR de Metz-Thionville. Il y officiait depuis juin 2009, peut-on lire sur son profil LinkedIn. D'abord en tant que praticien hospitalier, puis comme médecin-chef des urgences depuis quatre ans. François Braun est apparu pour la première fois dans les médias quand il a participé aux premiers transferts par train de patients atteints du Covid-19 hospitalisé en réanimation.
"Il n'était pas très présent sur le terrain", affirme à l'AFP Patricia Schneider, responsable locale du syndicat SUD-Santé, qui se souvient de l'avoir "surtout vu en période Covid, quand il a fallu organiser les transferts de malades et qu'il y avait les caméras". Une absence qui s'explique aussi par son engagement au sein de l'association Samu-Urgences de France, dont il a été le secrétaire général dès 2001, puis le président depuis 2014. Une fonction nationale, donc plus exposée, qui lui a permis de gagner en influence.
2Il est proche d'Emmanuel Macron
François Braun n'est pas arrivé au gouvernement par hasard. Ce pionnier de la médecine d'urgence a en effet été le référent santé d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. "J'ai trouvé le projet intéressant", justifiait-il au micro de France Bleu Lorraine en janvier 2022. "Même si je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qui a été fait." Avant d'être nommé au ministère, il avait déjà été choisi par l'exécutif pour réaliser une "mission flash" d'un mois sur les urgences.
Vendredi 1er juillet, la Première ministre Elisabeth Borne avait d'ailleurs repris l'intégralité des propositions de François Braun pour répondre à la crise des urgences cet été. Parmi ces "réponses de court terme", la cheffe du gouvernement a répété qu'il fallait "avoir le réflexe du 15", le numéro du Samu, "et ne pas venir systématiquement aux urgences".
"Les urgences, ça ne peut plus être 'open bar'. On ne peut plus servir à tout."
François Braunle 9 juin lors d'un congrès d'urgentistes
Cette double-casquette de conseiller politique et de président d'association a notamment été critiquée. "J'ai prévenu François que j'étais gêné qu'il garde son statut de syndicaliste alors qu'il travaille en étroite collaboration avec le gouvernement", confiait par exemple Jean-François Cibien, président de l'intersyndicale Action Praticiens hospitaliers (APH), dans les colonnes de Marianne (article payant). Pour beaucoup, les deux postes sont incompatibles. En ce moment, on marche sur des œufs et on se fait traiter de 'collabos' et de 'macronistes'..."
3Il divise parmi ses pairs
François Braun "connaît très bien ce sujet [les urgences], il a un caractère posé et réfléchi, il n'est pas à la recherche du buzz", juge Christian Rabaud, infectiologue au CHU de Nancy, interrogé par France 3 Grand Est. "Il sait écouter tout en restant ferme sur ses positions. Il a la méthode pour convaincre sur des propositions phares qui peuvent heurter certaines catégories professionnelles", salue Agnès Ricard-Hibon, la cheffe du Samu dans le Val-d'Oise, membre de Samu-Urgences de France, dans Marianne.
"François Braun a toujours voulu faire marcher son service coûte que coûte, regrette Pascal Pannetier, ancien psychiatre aux urgences de Metz-Thionville, dans le même hebdomadaire. Il a répété partout dans les médias qu'il y avait un problème budgétaire à l'hôpital. Et en même temps, il a été le premier à faire fonctionner un service qui se désorganise, sans prendre en compte la souffrance de ses collègues, dont beaucoup ont été en arrêt maladie pour cause de surmenage, ou sont tout simplement partis."
"Pour nous, cette nomination est une véritable provocation", a réagi Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), sur franceinfo. "Comment pouvons-nous avoir confiance dans ce monsieur ?"
"Les propositions qui sont faites par François Braun sont catastrophiques. Il explique qu'on peut fermer les urgences la nuit. Il ne représente pas les urgentistes."
Christophe Prudhomme, urgentistesur franceinfo
Même son de cloche du côté de Patrick Pelloux. Le président de l'Association des médecins urgentistes de France est très opposé à la régulation d'accès aux urgences, une des conclusions de la "mission flash" de François Braun. Selon lui, "en refusant l'accès aux urgences, on s'éloigne de notre mission de service public".
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