Sans-papiers : Valls peut mieux faire, selon les associations
Après le recul annoncé sur le droit de vote des étrangers aux élections municipales de 2014, le gouvernement sait qu'il est scruté à la loupe sur sa politique d'immigration. Mercredi matin, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a présenté une circulaire visant à "clarifier" les critères de régularisation des sans-papiers. La circulaire est "exigeante ", mais "juste, car les critères permettent un même traitement sur tout le territoire ", explique le ministre de l'Intérieur.
Du côté des associations, les sentiments sont "mitigés ". Il y a une part de "satisfaction ", indiquait mercredi matin sur France Info Pierre Henry, le président de France Terre d'Asile. "Une satisfaction : celle de la sortie de cette circulaire,
que nous attendions depuis des mois. L'application d'une règle de droit
sur l'ensemble du territoire, rompant avec l'arbitraire précédent, est une bonne
chose ", a-t-il expliqué.
"Il y a un certain nombre d'avancées ", souligne également Richard Moyon de Réseau Education sans Frontière (RESF), puisque la circulaire permet notamment de régulariser les jeunes entrés avant 16 ans en France, contre 13 avant. "Mais elles sont assorties de conditions qui en limitent la portée ", poursuit-il. RESF compte notamment poursuivre sa mobilisation pour une régularisation de tous les lycéens sans-papiers.
"Loin du geste généreux qu'on était en droit d'attendre"
"Cette circulaire est loin de constituer le geste généreux qu'on était en droit d'attendre de ce gouvernement ", résume Richard Moyon de RESF. "Pour les familles avec enfants, la
générosité n'est pas au rendez-vous : cinq ans de résidence, trois de scolarisation,
à ce point de vue c'est moins que l'opération de régularisation qu'avait
entreprise Sarkozy en 2006 ", confirme Pierre Henry (alors qu'il était à l'Intérieur, Nicolas Sarkozy avait ouvert la régularisation aux parents présents depuis deux ans avec un enfant scolarisé pendant un an, une opération finalement avortée face à l'afflux des demandes).
"Manuel Valls poursuit d'une certaine façon la
tentative d'équilibre faite par ses prédécesseurs : ouverture d'un côté,
fermeté de l'autre. Cette circulaire marque un petit élément de changement dans
une continuité générale ", analyse également sur France Info Jean-Paul Gourevitch,
consultant international sur l'Afrique et l'immigration.
Pas de geste généreux, en effet, Manuel Valls le martèle : cette circulaire "n'a pas vocation à augmenter le nombre de régularisations ", de l'ordre de 30.000 par an ces dernières années, même si la circulaire entraînera "peut-être, dans un premier temps, une augmentation ponctuelle des régularisations ", a-t-il dit.
Un gouvernement "coincé" entre les fortes attentes et la peur d'être traité de laxiste
"La circulaire reflète le manque de courage d'un gouvernement coincé entre les fortes attentes de son électorat et d'une partie de ses élus, d'un côté, et la peur d'être traité de laxiste par la droite de l'autre ", ajoute Richard Moyon de RESF.
D'un côté en effet, les sénateurs Communistes, républicains et citoyens (CRC) reprochent au ministre de l'Intérieur son "peu d'ambition ". "Après six mois au pouvoir, bien plus qu'une timide circulaire, le temps des réelles réformes est venu ", poursuivent-ils. Par ailleurs, selon les sénateurs CRC, l'annonce d'un plafond de 30.000 régularisations par an et que les expulsions seront plus nombreuses qu'en 2011 "ne présagent pas d'un réel abandon d'une politique du chiffre, bien au contraire ".
Et de l'autre côté, l'opposition s'est aussitôt engouffrée dans la brêche : "le gouvernement organise un véritable appel d'air à l'immigration clandestine ", a par exemple dit Eric Ciotti, député du nouveau groupe Rassemblement-UMP.
"Cette circulaire ne résout aucune des questions politiques créées par les gouvernements précédents ", conclut Richard Moyon de RESF. "Il faut une loi qui change les choses pour de bon ". Le gouvernement, rappellent les associations, a promis cette loi pour le premier semestre 2013.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.