Si l'UMP remporte les législatives, qui à Matignon ?
La guerre de succession est enclenchée. Moins de trois semaines après la défaite du président sortant, deux aspirants, au moins, revendiquent le titre de chef de l'opposition. Leurs ambitions sont stimulées par le flou des statuts de l'UMP.
A peine Nicolas Sarkozy est-il sorti du jeu politique, que les ambitions des ténors de l'UMP s'étalent au grand jour.
Logique diront certains, la nature a horreur du vide. Mais derrière l'analyse psychologisante des ambitions humaines, se cache une incontournable question politique.
Qui est aujourd'hui le chef de l'opposition ? Qui en entraîne aussitôt une seconde. En cas de victoire de l'UMP aux législatives, qui pourrait prétendre au poste de Premier ministre ?
Le flou des statuts
François Fillon a rompu le silence. Il a même carrément mis les pieds dans les plats mercredi 23 mai, en déclarant "depuis le départ de Nicolas Sarkozy, il n'y a plus, à l'UMP, de leader naturel".
Au-delà de la pique contre son rival, l'actuel secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, l'ancien locataire de Matignon a soulevé une question statutaire. M. Sarkozy n'étant plus président de la République, il y a vacance de la présidence de l'UMP.
En effet, selon l'article 48 des statuts du parti, lorsque le président [de l'UMP] en exercice devient chef de l'Etat, la direction du parti est assurée par un secrétariat général et des secrétaires généraux adjoints, élus par le bureau politique et révocables par celui-ci.
Mais que se passe-t-il si le président de la République n'est plus en fonction ? Rien n'est prévu. Un vide d'autant plus gênant que M. Sarkozy a répété à plusieurs reprises sa volonté de prendre du champ avec la vie politique.
Les conditions étaient donc réunies pour que M. Fillon sorte de l'ombre.
Avant les législatives
Officiellement, la période est au rassemblement. Tout au moins jusqu'aux législatives.
Sauf énorme surprise, aucune des instances de l'UMP ne devrait pousser à l'accélération du calendrier qui prévoit l'élection d'un nouveau président, cet automne, lors du prochain congrès du parti.
Mais si l'heure n'est pas au dépôt des candidatures, rien n'empêche de faire campagne. Ce dont l'ancien chef du gouvernement ne se prive pas.
Dans un entretien au Figaro Magazine, à paraître cette semaine, l'ancien Premier ministre ouvre le bal. "La France a besoin d'une droite républicaine qui donne l'espoir et qui rassemble", allusion au spectre d'une implosion de l'UMP sous l'effet des coups de boutoir du Front national.
Si, Patrick Devedjian, ancien secrétaire général de l'UMP, ne croit pas à cette hypothèse, il relève dans un entretien au Figaro le 24 mai que durant la présidentielle, "l'UMP a été quelque peu déportée sur la droite" et souhaite que l'absence de diversité ressentie pendant la campagne soit aussi corrigée dans l'organisation du parti.
Pressentant le danger, M. Copé est lui aussi sur cette ligne. Lors d'un point presse, le 16 mai, l'actuel secrétaire général et maire de Meaux avait plaidé pour "l'installation de mouvements qui, au sein de l'UMP, créent une véritable liberté de débat et, en même temps, permettent à toutes ses sensibilités de s'exprimer, de faire un travail programmatique".
Après le 17 juin
L'UMP perdra-t-elle la majorité au terme du scrutin des 10 et 17 juin comme le laissent entrevoir les sondages ? Si oui, à combien s'élèveront les pertes sachant que le groupe UMP compte à ce jour 305 députés (298 membres du parti et 7 membres apparentés) ?
Et sur les heureux élus, quel sera le rapport de forces entre Fillonistes et Copéistes dont dépend la présidence du groupe actuellement détenue par Christian Jacob, proche du maire de Meaux ?
De la réponse à cette ultime question, dépendront aussi la suite des événements et le niveau des tensions entre partisans des prétendants au poste de chef de l'UMP, antichambre au titre de candidat à la présidentielle.
Autant dire que quelles que soient les intentions claironnées ou enfouies, les candidats UMP ont de quoi être motivés.
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