"Si on avait une baguette magique, on l'utiliserait" : comment le gouvernement compte gérer les risques de plans sociaux

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Industrie à la rencontre des salariés de l'usine Michelin, à Cholet, dans Maine-et-Loire (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)
L'automne prévoit d'être socialement gris pour l'exécutif. Plusieurs plans sociaux d’ampleur annoncés chez Michelin et Auchan et des appels à la grève et à la mobilisation qui se multiplient dans plusieurs secteurs. Quelles options s'offrent au gouvernement pour gérer ces crises ?

L'exécutif entre dans une période très compliquée sur le plan social. Il faut s'attendre à des milliers de suppressions de postes dans l'industrie, de l'aveu du ministre en charge Marc Ferracci. Une fois n'est pas coutume : il est sur la même ligne que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, selon qui "nous sommes au début d'une saignée violente" avec "plus de 150 000 emplois qui vont disparaître, peut-être même plus".

Pour le gouvernement, le cadre est clair : garder la tête froide. Un conseiller du gouvernement le reconnaît : jusqu'ici, il y avait plus d'emplois créés que d'emplois détruits, mais il craint que, dès le début de l'année prochaine, le solde ne bascule dans le négatif. Matignon assure que Michel Barnier est "très attentif", qu'il coordonne l'action du gouvernement, projet par projet, en lien avec les territoires.

Ne pas se laisse enfermer dans le registre de l'émotion

Des éléments de langage alors que le Premier ministre s'en est, jusqu'ici, tenu à dire devant l'Assemblée qu'il voulait savoir ce que des groupes comme Michelin ou Auchan ont fait de l'argent public qui leur a été donné. 

Pour l'instant, il laisse donc en première ligne son ministre de l'Industrie, Marc Ferraci, comme lors de ce déplacement très tendu sur le site Michelin de Cholet, où il a été exposé à la colère des salariés bientôt licenciés. En coulisses, on le dit : oui, des usines qui vont fermer, il va y en avoir des dizaines, justifient plusieurs communicants du gouvernement. Mais, à leurs yeux, il serait contre-productif que le Premier ministre ne pas se laisse enfermer dans le registre de l'émotion.

Reste la question clé de ce que peut faire le gouvernement. "Si on avait une baguette magique, on l'utiliserait" glisse une source ministérielle, au risque de renforcer le sentiment d'impuissance. Et puis, il y a aussi, et d'abord, la question de ce que veut l'exécutif.

Nationaliser ? Certainement pas. Basculer dans un modèle d'économie administrée, non plus. Interdire les plans sociaux, encore moins. "Il faut se méfier des solutions toutes faites", rétorque un conseiller du pouvoir. Pourtant, "Dire la vérité aux Français" : c'est ce que Michel Barnier promettait en arrivant rue de Varenne. Si, pour l'instant, le premier ministre reste discret sur le sujet, il en reste "très attentif", assure son cabinet.

"Des crises", mais pas "la Crise"

Or, selon son gouvernement, la vérité, c'est que maintenir sous perfusion des entreprises, dont le modèle économique est en fin de vie, serait délétère. Exemple type : le secteur automobile, qui doit sortir du moteur thermique.

"Il faut se méfier des solutions toutes faites"

un conseiller du pouvoir

à franceinfo

L'enjeu, d'après Bercy, est de soutenir les transitions et l'investissement dans les secteurs d'avenir, mais pas de sauver des emplois, juste pour les sauver.

Concernant les fondamentaux en vigueur depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, pas de changement : ce que peut faire l'État, c'est aider les salariés à se former, à se reconvertir, pour retrouver du travail... Pour autant, l'entourage du ministre de l'Économie réfute la thèse d'un retournement de la conjoncture économique, et refuse de parler de crise, avec un grand "C" et au singulier. Il y a "des crises" et elles vont s'additionner, c'est tout, glisse-t-on.

Quant au périmètre qui lui reste, Emmanuel Macron, lui aussi, s'implique comme il peut, fait savoir son entourage, qui s'appuie sur son agence : mercredi 13 novembre, le chef de l'Etat est attendu devant le Collège de France lors d'une conférence pour défendre l'urgence d'investissements massifs au niveau européen, seul moyen de résister à la concurrence de la Chine et des Etats-Unis.

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