Cet article date de plus de huit ans.

Valls répond sur Taubira ciblée par la droite : "Chacun a droit à ses doutes"

Après s'être opposée à l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution, Christiane Taubira se range derrière François Hollande qui, à l’inverse de ce qu’annonçait la garde des Sceaux, inscrira bien la mesure dans le projet de réforme constitutionnelle. La droite appelle à sa démission. Manuel Valls clôt le débat, estimant que la ministre avait le droit de s'exprimer librement.
Article rédigé par Jules de Kiss
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Christiane Taubira quittant l'Elysée le 23 décembre 2015 ©maxppp)

Après avoir affirmé mardi que l'exécutif avait renoncé à étendre la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français, Christiane Taubira a été contredite. Le président de la République inscrira bien la mesure au projet de réforme constitutionnelle.

"La parole première est celle du président de la République, (…) la parole dernière est celle du président de la République, et c’est le point final"

En conférence de presse mercredi matin, la Garde des Sceaux, qui n’a jamais caché ses doutes sur la déchéance de nationalité, s’est rangée derrière la parole présidentielle : "La seule fois où je me suis exprimée sur la déchéance de la nationalité, je n’ai pas hésité à dire que ceux qui retournent leurs armes contre leurs compatriotes s’excluent eux-mêmes de la communauté nationale. (…) La parole première est celle du président de la République, (…) la parole dernière est celle du président de la République. Elle a été prononcée ce matin en conseil des ministres, et c’est le point final. "

Christiane Taubira : "Ce qui est important ce n’est pas ma présence ou non au sein du gouvernement"

Interrogée sur son avenir au gouvernement, la garde des Sceaux a botté en touche : "En tout état de cause, dans la situation actuelle, ce qui est important ce n’est pas ma présence ou non au sein du gouvernement, c’est la capacité pour le président de la République et pour le gouvernement de faire face au danger ".

La droite appelle à sa démission

Aussitôt la décision d’inscrire la déchéance de nationalité dans le projet de réforme constitutionnelle annoncée par Manuel Valls, la droite a appelé Christiane Taubira à la démission. Eric Ciotti, député Les Républicains, fait de la ministre de la Justice "le symbole une incohérence totale ". Pour l’élu des Alpes maritimes, "Madame Taubira n’a plus sa place dans ce gouvernement ".

"Madame Taubira n’a plus sa place dans ce gouvernement", estime Eric Ciotti sur France Info

Même son de cloche chez Claude Goasguen, lui aussi député Les Répbulicains. Pour lui, Christiane Taubira "doit partir, c'est une question absolument nécessaire ". "On ne peut pas avoir un Garde des Sceaux qui dément tout ce que fait le gouvernement ", a-t-il déclaré sur France Info. 

Sur Twitter, l'avenir de Christiane Taubira au sein du gouvernement fait l'unanimité dans les rangs de la droite et de l'extrême drotie.

Manuel Valls laisse entendre qu'elle ne quittera pas le gouvernement

Même si Manuel Valls, qui lui aussi émettait des doutes en privé sur la déchéance de nationalité, a rappelé Christiane Taubira à l'ordre, assurant que "le respect de la parole présidentielle s'impose à tous ", il a laissé entendre que le départ de la garde des Sceaux n'était pas  d'actualité. "Nous défendrons ensemble ce texte devant le Parlement. Chacun a droit à ses doutes, à ses interrogations, à ses questionnements et à ses analyses ", a-t-il dit en conférence de presse.

Sur le plateau du journal de 20h de TF1, faisant référence à ses déclarations la veille, le Premier ministre a estimé que Christiane Taubira avait le droit d'exprimer son opinion, même si elle est contraire : "Elle s'est exprimée, elle a aussi dit que c'était au président de trancher, c'est tranché".

Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll juge lui sur France Info que la ministre de la Justice "a pris un risque " en "commentant une décision avant qu’elle soit annoncée ".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.