Quatre conseils à François Hollande pour réussir sa conférence de presse
Après les révélations du magazine "Closer" sur une liaison supposée avec l'actrice Julie Gayet, puis l'annonce de l'hospitalisation de la Première dame, Valérie Trierweiler, les vœux à la presse du chef de l'Etat s'annoncent animés.
Il devra faire face à 600 journalistes, prêts à l'interroger sur les révélations de Closer. François Hollande se prépare à être malmené lors de sa conférence de presse et de ses vœux aux journalistes, mardi 14 janvier. Alors que le président souhaitait en faire un rendez-vous consacré à son "pacte de responsabilité" proposé aux entreprises lors du Nouvel An, il se trouve parasité par sa liaison supposée avec l'actrice Julie Gayet. Et devrait affronter quelques questions concernant sa vie privée.
Comment peut-il réussir l'exercice ? Peut-être en suivant ces quelques conseils...
1Assumer et ne pas éluder
Compte tenu du contexte, le président n'échappera pas aux questions sur sa vie privée. Difficile d'imaginer qu'aucun journaliste ne pose de question sur les révélations de Closer, le statut de Première dame de Valérie Trierweiler ou l'état de santé de cette dernière. "L'hospitalisation [de Valérie Trierweiler] ajoute une dimension de drame, et inquiète. Il ne peut pas refuser de répondre sur cette question", juge Arnaud Mercier, politologue et chercheur en communication à l'université de Lorraine, à Metz (Moselle).
"Ne rien dire, ce serait alimenter un nouvel épisode. Or, il doit clore cette séquence", renchérit Christian Delporte, professeur à l'université de Versailles et spécialiste des médias et de la communication politique. "Comme cette liaison supposée est à présent sur la place publique, y compris via son propre communiqué, il est contraint de clarifier les choses", poursuit Patrice Duhamel, ancien journaliste politique interrogé par francetv info.
A charge ensuite à François Hollande d'apporter une réponse satisfaisante. "Il doit assumer comme s'il était un Français comme les autres", ajoute Christian Delporte, rappelant le cas de Nicolas Sarkozy en 2005. Invité de France 3, le ministre de l'Intérieur de l'époque avait alors reconnu traverser "des difficultés" avec sa femme Cécilia Sarkozy, "comme des millions de Français".
2Bien choisir le visage qu'il va montrer
Pour bien répondre, François Hollande doit d'abord soigner la forme de sa conférence de presse, déjà polluée par le scoop de Closer. "Il ne peut pas gaspiller ce qui lui reste, c'est-à-dire son capital sympathie auprès des Français", analyse Christian Delporte. Le chef de l'Etat doit donc jouer de sa proximité avec les citoyens et afficher une certaine compassion. Pour Christian Delporte, "c'est l'homme qui doit répondre, pas le président".
Selon cet expert en communication, l'attitude du président doit ainsi reposer sur trois mots : "réserve", "sincérité" et "dignité". Oubliées les pirouettes humoristiques, son arme favorite pour se sortir des mauvais pas. François Hollande devra cette fois se montrer grave. "Ce ne sera pas monsieur petites blagues, glisse Christian Delporte. Il devra avoir des mots apaisants, d'attention, notamment envers la Première dame, Valérie Trierweiler, hospitalisée depuis vendredi. Sinon, il risque de passer pour un macho et en froisser certain(e)s."
3Remettre à plus tard toute décision sur son couple
Mais comment se dépêtrer de ces questions lorsque, à l'instar du chef de l'Etat, on s'est toujours engagé à ne pas mettre en scène sa vie privée ? "Il doit trouver l'équilibre. C'est une question de dosage entre le refus total d'en parler et en parler un peu tout en restant cohérent", répond Arnaud Mercier. François Hollande devra ainsi rester sur sa ligne, réaffirmée dans son communiqué invoquant le respect de sa vie privée.
"Il s'est toujours positionné comme un président qui sera différent de Nicolas Sarkozy, qui ne sera pas 'people'. Ce serait donc contre-productif et incohérent d'annoncer sa rupture avec Valérie Trierweiler et d'affirmer : 'avec Julie, c'est du sérieux'", indique Arnaud Mercier, rappelant la conférence de presse au cours de laquelle Nicolas Sarkozy avait confié être en couple avec Carla Bruni, en 2008.
"J'imagine une réponse plutôt lapidaire", avance ainsi Christian Delporte. François Hollande "peut aussi choisir de botter en touche et annoncer qu'il y aura des clarifications sur son couple plus tard, après la conférence de presse", déclare de son côté Arnaud Mercier. Ce qui lui permettrait de ne pas centrer la conférence de presse sur sa vie sentimentale.
4Provoquer la surprise sur le plan économique
Pour s'en sortir la tête haute, François Hollande devra surtout travailler ses autres dossiers, notamment son annonce concernant le "pacte de responsabilité" aux entreprises. "Il doit faire de nécessité vertu et y voir une opportunité pour être d'autant plus performant dans le message économique qu'il veut annoncer", décrypte Arnaud Mercier.
Objectif ? "Que mercredi, les journaux ne fassent pas tous leur une sur sa situation sentimentale", poursuit Christian Delporte. François Hollande doit donc détourner l'attention en frappant fort. Peut-être en annonçant des mesures imprévues. "Il a intérêt à donner un vrai contenu à sa conférence de presse, car sa réponse sur sa vie privée va être remarquée. Le bruit de sa proposition doit être supérieur au bruit de sa vie privée", conclut le professeur. Et il y a fort à parier que ses communicants doivent déjà y travailler.
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