Pour Rocard, la France est "au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole"
Contrairement au gouvernement, l'ancien Premier ministre estime que la France ne devrait pas se priver de l'exploitation des gaz de schiste.
COMPETITIVITE - "La France est bénie des dieux". Pour Michel Rocard, la France a tort de se priver de l'atout que représenterait l'exploitation des gaz de schiste. L'ancien Premier ministre socialiste désapprouve la décision du gouvernement de ne pas retenir la proposition de reprise des recherches sur l'exploitation des gaz de schiste, préconisée dans le rapport Gallois sur la compétitivité.
"Sur ce sujet, étant très écolo, je me suis longtemps abstenu. Mais je n'ai rien lu qui soit complètement convaincant", confie Michel Rocard dans une interview au Monde (article abonnés) publiée samedi 10 novembre. "On a un réflexe fantasmé un peu du même type que face aux OGM, estime l'ancien Premier ministre de François Mitterrand. Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s'interroge (...) Pour l'Europe, [la France] serait au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole. Peut-on s'en priver ? Je ne le crois pas", explique Michel Rocard.
Le gaz de schiste, point sensible entre le PS et les écologistes
Lundi, dans la matinée, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait affirmé vouloir "réfléchir" à l'exploitation du gaz de schiste. En réponse à cette déclaration du ministre, Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, avait alors déclaré qu'"un revirement du gouvernement serait une violation absolue de l'accord passé [entre] le PS" et Europe Ecologie-Les Verts. Car le gaz de schiste, source d'énergie contestée par les écologistes, est un point sensible au sein de la majorité. "Si le Premier ministre reprend ces propositions du rapport Gallois, il y aura une large fracture dans la majorité avec les écologistes", avait prévenu Jean-Vincent Placé.
Le Premier ministre a visiblement pris cette menace au sérieux. Il referme ainsi le débat sur le sujet, comme l'avait fait François Hollande lors de la conférence environnementale, le 14 septembre. Après quelques semaines de flottement gouvernemental, le président de la République avait annoncé le rejet de sept demandes de permis d'exploration d'hydrocarbures du fait des inquiétudes locales sur le gaz de schiste.
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