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Pourquoi NKM agace-t-elle tant ?

Les rangs des anti-Kosciusko-Morizet grossissent à droite, car les lignes de clivages sont nombreuses.

Article rédigé par Héloïse Leussier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Nathalie Kosciusko-Morizet sur un marché parisien, le 26 avril 2013. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

La primaire UMP pour la mairie de Paris débute moins bien que prévue pour Nathalie Kosciusko-Morizet. La candidate favorite est l'objet, depuis lundi 20 mai, de critiques venues de son propre parti. On lui reproche de s'être abstenue au lieu de voter contre le mariage pour tous. Ce n'est en réalité pas le seul sujet sur lequel NKM divise une partie de son camp. Ses prises de positions osées et ses ambitions assumées ne sont pas du goût de tous. 

Parce qu'elle se situe à gauche de la droite 

Le mariage pour tous. Alors que certains à l'UMP n'ont pas hésité à parader aux côtés des opposants au mariage des homosexuels, comme Jean-François Copé, NKM a choisi la neutralité. Candidate dans une ville majoritairement pro-mariage pour tous, la quadragénaire s'est abstenue lors du vote à l'Assemblée. Sa position est clairement iconoclaste au sein de l'UMP. Seuls deux députés ont voté en faveur du mariage pour tous.

Peltier. Mais les attaques contre ce positionnement ne sont pas venues de n'importe qui : c'est Guillaume Peltier, dirigeant du courant de la Droite forte au sein de l'UMP et ancien membre du Front national, qui a lancé l'offensive lundi en appelant à la faire battre. La réponse de l'intéressée ne s'est pas fait attendre : "Derrière tout cela, il y a des gens qui voudraient prouver que la droitisation et l'alliance avec le Front national sont indispensables", a-t-elle répliqué mardi.

Buisson. C'est ainsi que les vieilles querelles refont surface. Pour NKM, Peltier c'est "Buisson qui cache la forêt", une allusion directe à Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et partisan d'une UMP à droite toute. NKM et Buisson ne cachent plus leurs différends depuis longtemps. Auteure en 2011 d'un livre réquisitoire contre le FN intitulé Le Front antinational, devenue porte-parole de Nicolas Sarkozy durant la présidentielle en 2012, NKM s'est retrouvée en porte-à-faux : elle a dû défendre la ligne très droitière d'un candidat conseillé dans l'ombre par... Patrick Buisson.

Mais une fois la campagne terminée, leur alliance de circonstance a vite volé en éclats et NKM a critiqué publiquement le chantre de la "droite décomplexée", l'accusant d'avoir voulu "faire gagner Charles Maurras", figure de l'extrême droite catholique du début du 20e siècle et chef de file de l’Action française. Depuis, les deux personnalités entretiennent une relation hostile. Mais dans un parti en pleine crise d'identité, la résurgence de ce type de débat n'est pas forcément perçue du meilleur œil.

NKM et Jean-François Copé lors d'une réunion des "Amis de Nicolas Sarkozy", le 20 février 2013 à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Copé. En toile de fond, s'ajoute la rivalité qui agite l'UMP depuis les primaires pour la présidence du parti : Jean-François Copé contre François Fillon. D'un côté, l'ex-Premier ministre soutient clairement Nathalie Kosciusko-Morizet, allant jusqu'à publier une tribune en sa faveur dans Le Figaro du 17 mai. De l'autre, Copé se contente de reprendre Peltier du bout des lèvres en affirmant au Monde : "Il est normal que les responsables UMP s'expriment, mais Guillaume Peltier y est allé un peu trop fort sur la forme." Un observateur de la campagne, cité par le Lab, traduit en termes limpides ce qui se trame : "Copé, il a intérêt à tuer NKM."

Parce qu’elle est ambitieuse

Si Nathalie Kosciusko-Morizet se permet autant de sorties osées, est-ce parce qu'elle a l'assurance de la victoire ? En tout cas, son parcours fait d'elle une première de la classe qui ne connaît pas l'échec. Fille du maire de Sèvres (Hauts-de-Seine) et petite-fille d'ambassadeur, formée à Louis-le-Grand et diplômée de l'Ecole polytechnique, son ascension dans le monde de la politique est rapide.

Ministre à 35 ans. Quand elle est nommée secrétaire d'Etat dans le gouvernement de François Fillon en 2007, elle n'a même pas 35 ans. Un quinquennat plus tard, elle est propulsée porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy. La capacité qu'elle a eue à s'imposer rapidement dans le sérail de l'UMP et dans l'opinion énerve ses rivaux. 

Candidate "du système". Rachida Dati, par exemple, a estimé au moment de renoncer à se présenter contre elle dans la primaire, que NKM avait "déjà été choisie par les médias et le système". Certains y vont encore plus fort : "Comme Séguin, parachuté à Paris en 2001, elle croit qu'il suffit de jouer les stars pour séduire les Parisiens", lâche l'un de ses adversaires au Monde (article payant)Les Echos laissent entendre, eux, qu'elle commence tout juste à envisager qu'elle ne sera peut-être pas élue dès le premier tour de la primaire. 

Nathalie Kosciusko-Morizet lors du lancement de "La France droite", le 14 novembre 2012 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Ambition présidentielle. Nathalie Kosciusko-Morizet s'imagine déjà à la tête de la France, et ne s'en cache pas. C'est dans cette optique qu'elle s'est présentée à la présidence de l'UMP l'été dernier, et a lancé son mouvement, la "France droite". Elle n'avait finalement pu aller au bout de la primaire, faute de parrainages suffisants. "A quelques jours près, je passais la barre", avait-elle alors regretté.

Au PS, les ambitions présidentielles de NKM sont devenues un angle d'attaque : "Moi, je ne suis pas candidate à la présidentielle", tacle son adversaire socialiste, Anne Hidalgo, dans Le Monde (article payant). Certains dans son propre camp n'en font pas moins : "Elle pense qu'elle sera la première femme président de la République", raille un cadre de l'UMP cité par le quotidien. NKM n'a pas fini d'agacer.

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