Après l'évasion de Redoine Faïd, polémique sur la sécurité des prisons
Les syndicats pénitentiaires estiment que l'établissement n'était pas adapté pour accueillir le braqueur.
Les syndicats pénitentiaires évoquent "un acte de guerre". Le braqueur Redoine Faïd s'est évadé de la prison de Sequedin (Nord), samedi 13 avril, à l'aide d'explosifs et après avoir pris en otage quatre surveillants.
La ministre de la Justice, Christiane Taubira, s'est rendue sur les lieux, en fin d'après-midi , où elle devait rencontrer le personnel de la prison, puis tenir un point de presse, selon l'administration pénitentiaire. A cette occasion, un incendie s'est déclaré dans l'établissement, selon La Voix du Nord, après des feux de cellule, "probablement du fait de détenus en colère", ajoute le quotidien.
Les circonstances de cette évasion rappellent le scénario d'un film noir : explosifs, prise d'otage, course-poursuite. Redoine Faïd est un grand nom du braquage, considéré comme un "détenu dangereux". De quoi relancer le débat sur la sécurité des établissements pénitentiaires.
Avec quoi s'est-il échappé ?
Redoine Faïd est armé et muni d'explosifs, selon le procureur de la République, qui ne précise pas leur origine, ni même comment le fugitif s'est procuré une arme. Selon Etienne Dobremetz, du syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa, la prison de Sequedin fait l'objet de fréquents "parachutages" par dessus le mur d'enceinte, comme des substances prohibées ou des armes blanches. "Si ça, ça rentre, pourquoi pas une arme à feu ou des explosifs ?" Il regrette également l'arrêt des fouilles de détenus à l'issue des entretiens au parloir.
A-t-il bénéficié de complicités ?
Redoine Faïd devait justement rencontrer son frère au parloir, selon une source syndicale, qui n'a pas précisé si l'entretien avait pu avoir lieu avant l'évasion. Contrairement à ce qui a été annoncé dans un premier temps, l'ex-femme n'est pas allé à la prison, selon son avocate. De leur côté, la police judiciaire de Lille et l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), co-saisis de l'enquête, recherchent d'éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier le fugitif.
Quelles étaient ses conditions de détention ?
Redoine Faïd a été interpellé en juin 2011 près de Lille et incarcéré à la prison de Sequedin pour avoir violé les conditions de sa liberté conditionnelle, liée à une condamnation pour braquage. Depuis, il ne faisait pas l'objet d'une attention particulière. "Il était dans le quartier commun, en détention commune, donc il était dans un bâtiment qui ne présente pas en termes de sécurité des mesures supplémentaires", explique Etienne Dobremetz.
La maison d'arrêt est par ailleurs surpeuplée, puisqu'elle abrite environ 800 détenus pour 638 places, et 220 surveillants. "Rien ne m'a laissé prévoir depuis ma dernière visite qu'il avait de tels projets, qu'il puisse s'évader", a expliqué son avocat, Jean-Louis Pelletier.
La prison était-elle adaptée à son profil ?
Ce dernier ajoute que la maison d'arrêt de Lille-Sequedin comportait auparavant un un "quartier maison centrale", destiné à accueillir des détenus dangereux pour une période déterminée. Le braqueur Antonio Ferrara y a notamment séjourné avant son transfert dans la région parisienne. Mais ce quartier a depuis été transformé en centre national d'évaluation, où sont accueillis des détenus en fin de peine. Ces derniers sont évalués pour obtenir ou non un aménagement de peine.
Le syndicaliste ajoute que la prison de Sequedin est "une maison d'arrêt, faite pour accueillir des détenus de courte peine, des prévenus, pas encore jugés". Le problème, selon lui, c'est que "malheureusement, on n'a pas assez de maisons centrales et de toute façon, un détenu, quand il est encore prévenu, quand il n'est pas encore jugé, il est placé en maison d'arrêt comme un individu qui a volé un autoradio".
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