"Les nationalistes ont beaucoup à apprendre" d'Al-Qaïda, estime Breivik
Au deuxième jour de son procès, l'auteur des tueries d'Utoya et d'Oslo a revendiqué "l'attaque la plus spectaculaire" en Norvège depuis 1945. En affirmant qu'il "le referait".
"Oui, je le referais." C'est ce qu'a déclaré Anders Behring Breivik, jugé pour le meurtre de 77 personnes l'été dernier en Norvège, lors de la deuxième journée de son procès, mardi 17 avril. L'extrémiste a évoqué des actions "préventives pour défendre les Norvégiens de souche". Anders Breivik, qui reconnaît les faits, a demandé la relaxe et plaide non coupable, arguant de la légitime défense pour protéger la Norvège contre le multiculturalisme.
Le 22 juillet 2011, il a fait exploser une bombe dans le centre d'Oslo, provoquant la mort de huit personnes, avant d'abattre froidement 69 autres personnes, majoritairement des jeunes, rassemblées sur l'île d'Utoya, près de la capitale norvégienne.
FTVi revient sur les déclarations du tueur.
• Itinéraire d'un jeune anti-musulmans
Interrogé sur son parcours en début d'après-midi, Anders Behring Breivik a détaillé son engagement politique, commencé à 18 ans, en 1997, dans les rangs des jeunesses du FrP, le parti du progrès (extrême droite). Il y a occupé des postes à responsabilité, rapporte Europe 1, et pensait même grimper hiérarchiquement, en "adoptant un ton plus politiquement correct" avant de s'en détourner.
Interrogé sur sa haine des musulmans, Breivik l'explique en prétendant avoir été attaqué par "un gang de musulmans. Enfin, un de mes amis, indique-t-il, vague. J'ai reçu un coup de poing dans la figure et j'ai eu le nez cassé", a-t-il dit, sans qu'aucun document ne vienne corroborer sa déclaration.
"Je me souviens avoir été contre la Palestine quand j'avais 15 ans, poursuit-il. Mais je ne me souviens pas pourquoi."
• Les ennemis : "sociaux-démocrates", "marxistes culturels" et "musulmans"
Dans une longue déclaration lue en préambule de son audition, Anders Behring Breivik a expliqué ses motivations à l'assemblée. Pour lui, les jeunes tués à Utoya n'étaient pas des "enfants innocents." L'extrémiste a désigné ses ennemis : "Si quelqu'un est diabolique, ce sont les sociaux-démocrates et les marxistes culturels (…) qui veulent transformer leur pays en société multiculturelle sans consulter la population", a-t-il lu.
Le militant d'extrême droite a également pris pour cible les immigrés musulmans, leur imputant viols et agressions "contre (ses) frères et sœurs norvégiens", estimant que ces derniers "méprisent" la culture norvégienne. C'est cette perspective de voir son pays "mourir" qui, la veille, au cours de la diffusion d'une de ses vidéos de propagande, l'a ému au larmes.
• Les "nationalistes ont beaucoup à apprendre" d'Al-Qaïda
Ainsi, finir sa vie en prison ou mourir pour son peuple constitue pour lui "le plus grand honneur". Il se présente comme un combattant, arguant que "[son] pays et [son] groupe ethnique sont en train de mourir", relève Europe 1. Bien qu'il se revendique du contre-jihad, une mouvance décrite ici par Libération, le militant d'extrême droite a cité en exemple les actions du groupe terroriste Al-Qaïd : "Al-Qaïda est l'organisation la plus talentueuse au monde. (...) Les militants nationalistes ont beaucoup à apprendre d'eux", a-t-il déclaré.
Ses motivations ne sont pas pour autant religieuses, a-t-il expliqué. "Je n'ai pas été très religieux, mais un proverbe dit qu'il n'y a pas d'athée dans les tranchées", a-t-il assuré, selon le correspondant du Monde sur place, toujours cité par Europe 1.
• Breivik admet une "petite barbarie", sans demander pardon
"Une petite barbarie est totalement nécessaire pour empêcher une barbarie beaucoup plus grande", a-t-il justifié. "Lorsque la révolution pacifique est impossible, la seule option est la révolution violente."
Sans demander pardon, il a annoncé n'avoir jamais eu "l'intention de [se] comporter de façon inacceptable à l'égard [des rescapés et des familles de victimes]. Je n'ai pas l'intention d'ajouter à la peine qu'ils ressentent déjà (...) Je ne peux même pas imaginer les souffrances que j'ai provoquées", a-t-il déclaré.
• "Commandeur" en lien avec "deux autres cellules"
L'accusé à de nouveau évoqué l'existence de "deux autres cellules" autonomes constituées chacune d'un seul individu. Le terme "commandeur" employé par Breivik au sujet de lui-même renvoie à "une personne qui a une autorité et des liens souples avec deux autres cellules", a expliqué l'extrémiste devant le tribunal d'Oslo.
Dans sa déclaration, il a par ailleurs utilisé le pronom "nous" pour donner l'impression qu'il représente une mouvance plus large, et s'en est pris aux médias accusés de dévoyer sa cause, ainsi qu'aux démocraties européennes.
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