Un procès éprouvant pour les punkettes russes de Pussy Riot
MOSCOU - Les jeunes féministes russes sont accusées d'avoir interprété une "prière punk" contre Poutine dans une cathédrale de Moscou. Elles dénoncent un "procès illégitime".
Leur "prière punk" risque de leur coûter très cher. Trois jeunes femmes du groupe de punk-rock russe Pussy Riot sont actuellement jugées à Moscou (Russie) pour une performance contre Vladimir Poutine en février. Mercredi 1er août, l'aide médicale d'urgence a été appelée deux fois au cours de l'audience, au troisième jour du procès.
Affaiblies, les militantes féministes sont en détention depuis plus de quatre mois. FTVi revient sur les enjeux de ce procès.
Que leur reproche-t-on ?
Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, sont poursuivies pour avoir improvisé le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une "prière punk" intitulée Marie mère de Dieu - chasse Poutine ! à l'intérieur de la cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou. Les trois jeunes femmes doivent répondre de "hooliganisme" et sont accusées d'avoir "insulté" et "infligé des blessures morales profondes à des chrétiens orthodoxes". La loi russe définit le hooliganisme comme étant "la violation flagrante de l'ordre public qui se traduit par un manque de respect évident pour la société", comme le rapporte Slate.com (article en anglais).
Que risquent-elles ?
Il n'existe qu'une seule sanction en Russie pour punir le hooliganisme : la privation de liberté. Les Pussy Riot encourent jusqu'à sept ans de prison.
Quelle est leur défense ?
Les prévenues clament leur innocence, estimant n'avoir commis aucun délit. Elles affirment avoir été animées par la seule envie d'améliorer la situation politique dans le pays, dont le président, Vladimir Poutine, est confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir il y a douze ans.
Pourquoi ce procès est-il sous tension ?
Les jeunes femmes dénoncent un procès "illégitime". "Nous sommes à moitié conscientes, nous ne dormons pratiquement pas, aujourd'hui nous n'avons pas du tout dormi", a déclaré Nadejda Tolokonnikova au tribunal Khamovnitcheski. "Nous ne pouvons pas pleinement participer" aux débats, a-t-elle lancé au moment où la présidente de la juridiction faisait appeler une aide médicale d'urgence pour la deuxième fois lors de l'audience, à la demande des jeunes femmes qui disaient se sentir mal.
Les avocats de la défense ont déploré à plusieurs reprises que leurs clientes, en détention provisoire depuis cinq mois, soient obligées de se lever à 5 heures et soient maintenues pendant plusieurs heures dans de petits espaces non aérés avant d'être conduites au tribunal pour des audiences dépassant parfois douze heures. Maria Alekhina s'était plainte lundi d'avoir "la tête qui tourne" après une audience qui s'est terminée après 22 heures. Mercredi, elle a été victime d'un malaise après "une chute brutale du taux de sucre dans le sang, du fait qu'elle est végétalienne", a expliqué l'avocat Nikolaï Polozov, ajoutant que les médecins lui avaient fait "les injections nécessaires".
Mardi, les Etats-Unis se sont dits "très préoccupés par les poursuites judiciaires politiquement motivées visant l'opposition russe". La "prière" contre Vladimir Poutine avait suscité de nombreuses réactions de désapprobation, dans un pays qui a connu depuis la chute du régime soviétique en 1991 un renouveau religieux. Mais de nombreuses personnalités russes, y compris certaines revendiquant leur appartenance à la communauté orthodoxe, ont au contraire pris la défense des trois jeunes femmes, jugeant disproportionnées les poursuites et leur maintien en détention. Pour sa part, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a appelé à ne pas dramatiser ce procès et à le traiter "dans le calme".
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