Psychodrame Copé-Fillon : et maintenant ?
François Fillon revendique de nouveau la victoire et demande à Alain Juppé d'assurer la présidence du parti par intérim. Le camp Copé se crispe. Francetv info passe en revue les voies possibles pour sortir de la crise.
PRESIDENCE DE L'UMP – Après avoir reconnu la victoire de Jean-François Copé à la tête de l'UMP, François Fillon la conteste. Mercredi 21 novembre, ses principaux lieutenants, Eric Ciotti, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez ont affirmé,que 1 304 voix ont été oubliées. Il s'agit de celles de Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et de Mayotte, qui n'auraient pas été intégrées dans le décompte final. Selon leurs calculs, c'est François Fillon qui l'emporte avec… 26 voix d'avance.
Problème : la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales (Cocoe), commission interne de l'UMP, "ne peut plus revenir sur les résultats", a expliqué son président, Patrice Gélard. Elle renvoie les contestataires à une autre instance de l'UMP, la Commission nationale des recours. Francetv info fait le point sur les trois issues possibles à cette élection rocambolesque.
1 La commission de recours est saisie : option rejetée
"En cas de contestation, la Commission nationale des recours statue en dernier ressort. Elle entend les différentes parties ainsi que le représentant de la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales, qui peut se rendre sur le terrain et rapporte les faits contestés", précise le règlement intérieur de l’UMP dans le chapitre concernant l’élection du président du parti.
Sur le plateau du 20 heures de TF1, mercredi, François Fillon a néanmoins exclu cette possibilité : "Je n'ai pas confiance dans la commission des recours", a-t-il dit. Son président, Yanick Paternotte, est en effet un pro-Copé, comme l’expliquait le site vonews.fr.
Un tel recours pourrait par ailleurs aboutir à des discussions interminables. "Il y a des statuts qui font que si jamais on conteste [les résultats], on peut aller devant une commission des recours. Pas de problème, on ira s'il le faut, on montrera tous les éléments, on regardera aussi ce qui s’est passé à Nice, etc.", a menacé Jean-François Copé sur BFMTV. Il faisait allusion aux soupçons de fraude mis en avant par son équipe au moment du vote, notamment dans les Alpes-Maritimes. Quelques heures plus tard, lors d'une déclaration au siège de l'UMP, le secrétaire général du parti a réitéré ses menaces. De leurs côtés, les fillonistes avaient accusé le clan Copé d’avoir triché à Paris.
2 Juppé en juge de paix : option rejetée
François Fillon, qui réclame "simplement la vérité", a demandé à Alain Juppé, président fondateur de l'UMP, qui est resté neutre pendant la campagne, "d'assurer de façon transitoire la direction de notre mouvement afin de trouver les voies et moyens de sortir de l'impasse". Alain Juppé serait ainsi nommé président par intérim, et aurait pour tâche de trancher le résultat : "Il faut une direction neutre pour tout remettre à plat et proclamer le vrai vainqueur, cela peut être avec Alain Juppé ou les anciens Premiers ministres", avance le pro-Fillon Benoist Apparu.
Alain Juppé a indiqué dans un communiqué être "prêt" à "organiser une médiation" à l'UMP, à condition qu'elle se fasse "avec l'accord et la collaboration des deux parties", alors que Jean-François Copé semble pour le moins fermé à cette solution. "Cette condition n'est à l'évidence pas remplie aujourd'hui", a donc indiqué le maire de Bordeaux. "C'est irresponsable et désastreux car désormais, c'est l'existence même de l'UMP qui est en jeu", souligne-t-il.
Mais Jean-François Copé, invité du 20 heures de France 2 mercredi, a de nouveau rejeté implicitement la proposition, se disant "totalement ouvert" aux discussions mais rappelant qu'"il y a une règle du jeu", notamment "le suffrage universel" et qu'il faut "respecter le vote des militants".
3 La justice est saisie : envisagée par Fillon
C'est l'hypothèse la plus probable, au vu des déclarations de François Fillon au 20 heures de TF1. L'ancien Premier ministre, qui a d'abord écarté cette possibilité, a fini par déclarer "renoncer" à la présidence de l'UMP et ajouté : "J'irai jusqu'au bout, je ne renonce pas à déposer un recours mais ce sera devant la justice."
"Les partis politiques sont des organismes de droit privé, soumis à la loi de 1901 sur les associations", explique Bernard Maligner, ingénieur au CNRS, spécialiste du droit électoral, interrogé par francetv info le 19 novembre. Par conséquent, "les candidats, ou leurs représentants, peuvent saisir les tribunaux civils, mais pas les tribunaux administratifs, ni le Conseil constitutionnel ou le Conseil d'Etat".
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