Pourquoi Francis Heaulme pourrait retourner devant les assises
Le "routard du crime" est à nouveau soupçonné d'avoir tué deux enfants en Moselle en 1986, dossier dans lequel Patrick Dils a été acquitté en 2002.
JUSTICE - Le tueur Francis Heaulme, soupçonné d'avoir tué deux enfants à Montigny-lès-Metz (Moselle) en 1986, devrait être renvoyé devant les assises. Le parquet général de Metz va en faire la demande, d'après L'Est républicain du jeudi 25 octobre. Le "routard du crime" a déjà bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire en 2007.
Pourquoi est-ce un retournement de situation ?
L'Est républicain évoque un "coup de tonnerre judiciaire". Vingt-six ans après le double meurtre de Montigny-lès-Metz, commis le 28 septembre 1986, l'enquête est relancée. Jusqu'ici, le seul coupable désigné avait été Patrick Dils, 16 ans à l'époque des faits, condamné en 1989 pour avoir tué Cyril Beining et Alexandre Beckrich, 8 ans, à coups de pierres, sur une voie ferrée. Mais l'homme a été acquitté en 2002 après un marathon judiciaire né de nouveaux éléments mettant en doute sa culpabilité.
L'un de ces éléments est que Francis Heaulme était présent sur les lieux du crime le jour des faits. C'est ce qu'il a confié en prison à un gendarme, Jean-François Abgrall, en 1992, entraînant la révision du procès de Patrick Dils en 2001. En 2006, Heaulme, déjà emprisonné pour de multiples meurtres dans six affaires, est alors mis en examen pour l'affaire de Montigny-lès-Metz. Lors de son procès, il nie être le tueur des enfants, et un non-lieu est finalement prononcé en 2007, comme l'expliquait à l'époque Le Parisien. L'ADN retrouvé sur un pantalon de Heaulme ne correspondait pas à celui des deux victimes.
Pourquoi le parquet demande-t-il ce renvoi devant les assises ?
A priori, parce que de nouveaux éléments d'information non communiqués sont de nature à confondre Francis Heaulme. "L’analyse du second supplément d’information a conduit à prendre des réquisitions de renvoi à l’encontre de Francis Heaulme", explique le procureur général de la cour d'appel de Metz, Jacques Pin, à L'Est républicain. La décision doit désormais revenir à la chambre de l'instruction de Metz, qui décidera de renvoyer ou non le tueur en série devant la juridiction criminelle. Joint par l'AFP, le parquet général a confirmé que le réquisitoire serait "transmis à la chambre de l'instruction d'ici trois semaines".
Qu'en pense la défense de Francis Heaulme ?
Liliane Glock, l'avocate de Heaulme, est très étonnée. "Ces suppléments n'ont rien apporté de nouveau. Dès lors, je suis surprise que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets, à savoir le non-lieu, a-t-elle commenté auprès de l'AFP. C'est un choix difficilement explicable." Elle précise avoir écrit au magistrat pour lui reprocher d'avoir accordé "la primeur de ses réquisitions à la presse, sans égard pour les juges et les parties".
Comment réagissent les familles des victimes ?
Du côté des victimes, c'est une bonne nouvelle, comme l'explique l'avocate de la mère de Cyril Beining, Dominique Boh-Petit.
Selon elle, la décision du parquet général permet de "reprendre espoir d'avoir un quatrième procès". "Ma cliente est heureuse, d'autant qu'on a la conviction que le procureur général n'a pas pris cette décision à la légère, il ne part pas à l'aventure."
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