Qui sont les militantes de Femen, ces Ukrainiennes aux seins nus ?
Trois de ces femmes ont affirmé avoir été torturées par le KGB biélorusse, hier, après une manifestation topless à Minsk. Retour sur un mouvement né à Kiev pour protester contre le tourisme sexuel et le machisme.
Seins nus, les bras levés, une pancarte entre les mains et souvent, de longs cheveux blonds : les féministes ukrainiennes de Femen agissent ainsi à chaque fois qu'elles manifestent. Lundi 19 décembre, elles étaient devant le bâtiment du KGB à Minsk (Biélorussie) pour marquer le premier anniversaire de la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko. Le lendemain, elles obtenaient l'attention des médias pour une toute autre raison : elles assuraient avoir été enlevées et torturées par le KGB biélorusse dans la nuit.
D'où vient ce mouvement qui revendique, selon 20 minutes.fr, 300 militantes, "principalement des étudiantes" ?
• Pourquoi manifestent-elles seins nus ?
Pour ces militantes féministes ukrainiennes, l'objectif est de marquer les esprits afin de dénoncer la prostitution, le tourisme sexuel, le machisme de la société ou le harcèlement dont sont victimes les étudiantes de leur pays.
"La nudité a un impact visuel extrêmement puissant (...) En s’affichant ainsi, [les protestataires] font sauter un verrou universel", remarque Francine Barthe-Deloisy, auteure de Géographie de la nudité, interrogée par RFI. "Nous avons compris que le seul moyen d'attirer le maximum d'attention sur un problème était de protester seins nus", justifie de son côté la dirigeante de Femen, Anna Goutsol.
• Comment ont-elles pris cette décision ?
L'idée de manifester topless est venue un peu par hasard, a raconté Anna Goutsol à l'AFP en février 2011. Lors d'une action en 2009, les militantes avaient montré leur dos nu décoré d'un slogan. Mais un photographe les a immortalisées de face. Les clichés sont alors publiés par un grand magazine national.
Femen est devenu populaire après une action le 7 février 2010, lors de l'élection présidentielle en Ukraine. Ce jour-là, quatre militantes ont déjoué le service de sécurité du bureau où votait Viktor Ianoukovitch, ensuite élu président. Elles ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Arrêtez de violer le pays", rapporte Elle. Depuis, l'actuel président ukrainien, accusé d'être "sexiste et vendu à la Russie", est la cible favorite de la Femen.
• Quelles sont les causes défendues par ces militantes ?
En près de trois ans, les femmes de Femen ont élargi le champ de leurs contestations. Elles ont par exemple manifesté contre la réforme des retraites en Ukraine début juillet. En septembre, elles ont brandi des pancartes "Euro 2012 sans prostitution" aux abords du stade olympique de Kiev, où doit avoir lieu le 1er juillet 2012 la finale de l'Euro de football, organisé conjointement par la Pologne et l'Ukraine.
Les militantes féministes se sont aussi déplacées dans d'autres pays d'Europe lors d'une tournée à l'automne entamée en Suisse. Déguisées en femmes de ménage, elles se sont rendues à Paris sous les fenêtres de Dominique Strauss-Kahn. Accusé d'agression sexuelle aux Etats-Unis, l'ancien directeur du FMI est devenu pour elles le symbole "de l'impunité des violeurs de haut rang, un exemple de l'hypocrisie et de la luxure des hommes politiques d’élite".
Le tour d'Europe de la Femen s'est poursuivi à Rome (Italie) où les féministes ont manifesté contre l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. "Berlusconi, tu balayes l'Italie !", disait un des slogans de trois femmes blondes, recouverte chacune d'une des couleurs du drapeau italien, vert, blanc et rouge.
Début décembre, avant de manifester en Biélorussie, elles sont apparues topless à Moscou (Russie) pour protester contre Vladimir Poutine, le Premier ministre russe.
En 2012, Femen devrait mener plusieurs actions autour de l'Euro de football. Le collectif féministe prévoit de perturber le bon déroulement de la compétition si aucune mesure n'est prise par l'UEFA pour lutter contre le tourisme sexuel.
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