Régimes : "Il ne faut pas perdre plus d'un kilo par trimestre"
L'été est là, avec sa cohorte de bons conseils et d'études sur la meilleure façon de perdre du poids. FTVi a demandé l'avis de Gilles Mithieux, chercheur à l'Inserm en nutrition.
Vous voulez maigrir avant d'aller à la plage ou de vous marier cet été ? Renoncez. Le délai est trop court. C'est ce que nous explique en substance Gilles Mithieux, directeur de l'unité de recherche Nutrition et cerveau de l'Inserm, à Lyon, et auteur d'une étude sur l'effet coupe-faim des protéines, publiée jeudi 5 juillet.
Une étude américaine a mis en avant, fin juin, les effets positifs des régimes pauvres en glucides (sucres lents et rapides) sur la non-reprise de poids. Vous publiez de votre côté des travaux sur l'efficacité des protéines sur l'effet de satiété. Comment s'y retrouver entre ces différents résultats ?
Gilles Mithieux : On est loin d'avoir tout compris sur les mécanismes qui permettent de perdre du poids et de ne pas le reprendre. De nombreuses études sont encore nécessaires.
Les chercheurs de l'hôpital de Boston remettent indirectement en cause la théorie selon laquelle "une calorie est une calorie", vieille d'un siècle. Qu'en pensez-vous ?
En effet, les calories ne sont pas équivalentes. Un gramme de sucre et un gramme de protéine, par exemple, représentent chacun 4 calories. Mais une fois absorbés, ils ne sont pas équivalents. La protéine, au final, est moins calorique car elle contient des propriétés que le corps met de côté.
D'où l'idée des régimes dissociés, comme Dukan ou Atkins, qui proposent de privilégier ou de proscrire certains types d'aliments...
Ils sont à utiliser avec une extrême précaution, voire à proscrire. Ces régimes ne marchent jamais, sauf exceptionnellement. Le métabolisme est trop déséquilibré. Lorsque l'on perd du poids rapidement et intensément, l'organisme se défend. D'un côté, il se met au ralenti pour économiser de l'énergie. D'un autre, il se débrouille pour augmenter la sensation de faim. Résultat, quand on arrête, on mange plus et on dépense moins, donc on reprend davantage de poids.
Pourquoi conduire une étude, alors, sur le mécanisme coupe-faim des protéines ?
Parce qu'elle peut s'avérer utile pour mettre au point une molécule ou un médicament qui se substitueraient à la ration de protéines à ingérer chaque jour, en ne gardant que certaines de leurs propriétés. Cela peut s'avérer utile pour les personnes qui souffrent de problème rénaux et qui ne peuvent pas, pour cette raison, manger trop de protéines. Mais cet usage devrait rester modéré et limité.
De plus en plus de voix s'élèvent en France pour déconseiller toute forme de régime. En faites-vous partie ?
Oui. Il n'y a pas de miracle. La seule méthode qui marche, c'est de changer modérément la quantité et la qualité de ce que l'on mange. Sans privation aucune. On mange des frites, mais moins ; on mange des protéines, mais on privilégie la viande moins grasse (poulet, porc), les protéines végétales (haricots, soja, pois cassés...) ou le poisson ; on mange des graisses, mais mono-insaturées comme l'huile d'olive ou le foie gras.
La perte de poids, dans ces conditions, est-elle rapide ?
Non. Il s'agit d'un effort constant pendant des années, qui permet de perdre un ou deux kilos par an. De toute façon, il ne faut pas perdre plus d'un kilo par trimestre, sinon c'est intenable. Pour cela, il suffit de suivre les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS).
Un des messages de ce PNNS, "mangez cinq fruits et légumes", est pourtant controversé...
Il apparaît en effet comme une sorte de diktat, qui peut être mal interprété. Mieux vaut en manger quatre et en quantité que d'avaler quatre cerises et un haricot pour atteindre le compte de cinq. Les messages doivent être les plus clairs et précis possibles. Sur l'activité physique, en revanche, pas d'ambiguïté. Tout est quand même une question d'équilibre entre les entrées et les sorties de calories. C'est la base. Et faire du sport est la meilleure façon d'augmenter les sorties.
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