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Enquête France 2 Les conseillers régionaux ont-ils été assidus durant leur mandat ?

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Absentéisme : qui sont les conseillers régionaux les moins assidus ?
Absentéisme : qui sont les conseillers régionaux les moins assidus ? Absentéisme : qui sont les conseillers régionaux les moins assidus ? (FRANCE 2)
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Ils sont candidats aux Ă©lections rĂ©gionales, mais pour certains, ce n’est pas la première fois. Alors, durant leur mandat, les conseillers rĂ©gionaux ont-ils Ă©tĂ© prĂ©sents dans l’hĂ©micycle, au moment des votes ? 

Siéger aux séances plénières, voter les budgets, c'est ce qui caractérise la majeure partie du travail des conseillers régionaux. A la fin de la mandature, c'est l'heure du bilan, nos élus ont-ils massivement peuplé les bancs de l'hémicycle ? Pour le savoir, nous avons analysé des dizaines de milliers de feuilles de présence de toutes les régions de France métropolitaine. 

>>Voici le classement des régions où les conseillers régionaux sont les plus assidus

La Bretagne, avec 91,63% de présence de ses conseillers régionaux dans l'hémicycle fait figure de bonne élève. Elle dépasse d'une courte tête la région Centre-Val-de-Loire. Pour le conseiller régional, Stéphane Perrin (mouvement radical), rapporteur du budget, le secret de cette assiduité s'explique notamment par la mise en place de sanctions financières dès le début de la mandature : "Tous les élus, quelque soit leur statut sont soumis à la même règle, si vous êtes absent, vous subissez la pénalité dans les conditions prévues par le règlement intérieur." Et ce dernier de préciser, "nous avons décidé de ne pas compter les absences liées au cumul des fonctions. Si ces élus ne peuvent assister aux séances plénières, ils subissent une diminutiuon de leur indemnité." 

Voté dès le début de la mandature, le 25 février 2016, le règlement fixe un plafond de 50% de baisse des indemnités en cas d'absences répétées : "Tout conseiller régional qui comptabilise, au terme d’un semestre échu, plus de 30 % d’absences non-justifiées, voit son indemnité mensuelle réduite à due proportion dans la limite de 50 % sur le semestre suivant." 

"Ces absences ont été justifiées par le fait qu’il m’arrive souvent d’aller en mer"

Roland Jourdain, conseiller régional de Bretagne

Oeil du 20h

Mais les élus les plus absents sont-ils réellement sanctionnés ? Le navigateur, Roland Jourdain, conseiller régional de la majorité, fait partie des bonnets d'âne de la région Bretagne avec ses 62% de présence en séance plénière. Contacté, il confie n'avoir reçu aucune pénalité financière malgré son faible taux de présence: "Ces absences ont été justifiées par le fait qu’il m’arrive souvent d’aller en mer. J’étais en course, en préparation du Vendée Globe, précise-t-il à l'Oeil du 20 heures. L’année 2020 a été compliquée, j'étais nomade sur l'eau mais je suivais quand même les dossiers."

Sur ce graphique, chaque point représente un conseiller régional. Les plus absents se situent à gauche de l'infographie, les plus présents à droite. On peut ainsi se rendre compte de l'assiduité de la plupart des élus. Une poignée d'entre eux, absents chroniques, tirent la moyenne de l'assiduité régionale vers le bas. 

Alors, qui sont les élus sanctionnés par la région ? Ceux qui cumulent, comme le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM). Avec 62% de présence en hémicycle, il a été sanctionné financièrement durant deux semestres d'absences répétées. L'ancien président de région et ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian (23% de présence aux séances plénières) a également été sanctionné à plusieurs reprises. Aucun des deux n’a souhaité nous répondre.

"Je suis la présidente d’un mouvement politique, ça fait de moi une élue pas tout à fait comme les autres."

Marine Le Pen

Oeil du 20h

Ils ne sont pas les seuls à avoir plusieurs casquettes. Parmi les 50 élus les moins assidus, plus du tiers sont des cumulards. Telle Marine Le Pen, à la fois députée et cheffe de parti. Nous sommes allés la voir à un de ses déplacements de campagne en Centre-Val de Loire, loin de sa région des Hauts-de-France où elle n’est plus candidate. Avec 49% de présence en plénière, la présidente du Rassemblement nationale se justifie justement par le cumul de ses fonctions : "Je suis la présidente d’un mouvement politique, ça fait de moi une élue pas tout à fait comme les autres, indique-t-elle à l'Oeil du 20 heures, car je dois aller dans toute la France pour porter la bonne parole." 

Excusé en tant que ministre

Autre cumulard des Hauts-de-France, Gérald Darmanin (LREM). Très présent en début de mandat, ses absences, symbolisées par les petits points rouges sur l'infographie, se sont multipliées dès qu’il a été nommé au gouvernement. Venu soutenir le candidat LREM à Dijon, le ministre de l'Intérieur, conseiller régional, conseiller municipal et conseiller métropolitain a éludé les raisons de son absence auprès de l'Oeil du 20 heures : "Je me suis présenté aux élections et à chaque fois je les ai gagnées. J'imagine que les électeurs savent mieux que vous ce qui est bon pour la population." 

Contactée, la région des Hauts-de-France précise que Marine Le Pen a bien été sanctionnée financièrement pour ses absences, mais pas Gérald Darmanin, excusé en tant que ministre. Il reste malgré tout une absente de marque, la région PACA. Contactée par l'Oeil du 20 heures depuis avril 2021 et relancée à de multiples reprises, elle ne nous a jamais envoyé les feuilles de présence des élus. Les statistiques de présence de chaque conseiller régional sont disponibles ici. Espérons que d’ici peu, on y retrouvera même l’assiduité des élus provençaux.

Méthodologie 

Nous avons créé un tableur avec 1703 lignes correspondant à chaque conseiller régional de France métropolitaine. Nous avons calculé les taux d'assiduité des élus en divisant le nombre de présences par le nombre de convocations. Ainsi, si un élu a démissionné de ses fonctions en cours de mandat, son taux d'assiduité est ajusté en fonction des séances auxquelles il a été convoqué, et non sur l'intégralité du mandat. 

Certaines régions convoquent ses élus plus souvent que d'autres. C'est par exemple le cas de la collectivité de Corse qui organise des séances plénières une fois par mois, alors qu'une région comme l'Île-de-France ne se réunit en hémicycle que 5 à 6 fois par an, ce qui peut expliquer certains écarts. Certaines régions nous ont également expliqué que durant la période de pandémie (de mars 2020 à mai 2021), certains élus n'avaient pas à se rendre en hémicycle, ce qui abaisse quelque peu le taux d'assiduité général. 

Parmi nos sources 

- Règlement intérieur de la région Bretagne

- Notre enquête sur l'asiduité des conseillers régionaux lors de la précédente mandature en 2015  

Liste non exhaustive. 

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