: Vidéo Pourquoi les bouteilles biodégradables sont-elles deux fois plus taxées que les autres bouteilles en plastique ?
C’est un pavé jeté dans une mare aux plastiques. Des bouteilles en matière végétale sont taxées deux fois plus que les emballages issus du pétrole. Pourquoi ? L'oeil du 20h a remonté la filière du recyclage.
Il y a quelques mois, la jeune entreprise de jus de fruits et légumes Yumi a décidé de remplacer ses bouteilles en plastique à base d'hydrocarbures par des bouteilles elles aussi en plastique mais issu de résidus de canne à sucre. Un plastique d'origine végétale appelé PLA (Polylactic acid), biodégradable selon le fabricant, pour lequel les patrons paieront plus cher de contribution au recyclage.
"Pour la bouteille en plastique classique, on paierait 0,8 centimes, et pour la bouteille 100% végétale, c'est le double, 1,6 centimes", calcule Louis de Bentzmann, cofondateur de Yumi. Soit plus de 4000 euros de malus par an, en fonction de leurs ventes. "Ca montre qu'on n'encourage pas les bonnes initiatives en terme d'utilisation des matériaux d’emballage", s'indigne l'entrepreneur.
Pollueur-payeur
Pourquoi ce malus ? En France, le principe pollueur-payeur prévaut : les entreprises paient pour le recyclage des emballages. Quand la filière de recyclage n'existe pas, l'entreprise paie un malus. C'est le cas de la bouteille en matière végétale de Yumi. Pour l'heure, les industriels ne semblent pas avoir d’intérêt pour ce nouveau matériau qui pèse à peine 100 tonnes par an, contre 300 000 tonnes pour le plastique le plus courant, le PET.
C'est ce que nous explique le goupe Paprec, un des plus gros recycleurs : "Nos usines ont été pensées pour recycler d'autres types d’emballages présents en fort volume comme le PET pour les bouteilles plastiques ou le PEHD pour les bouteilles de lait. En l’état actuel, les tonnages de PLA sont trop faibles pour que des industriels puissent recycler de façon rentable ces matières."
Nouvelle filière ?
Résumons : un malus car pas de filière, pas de filière car pas assez de bouteilles. Et le développement de ces bouteilles pas vraiment encouragé par le malus. Bref on tourne en rond. Est-ce le bon système ? Nous avons posé la question au directeur général de Citéo, l'entreprise chargée d'organiser le recyclage en France. Pour lui pas question de déroger au principe pollueur-payeur. “Oui c'est biosourcé, mais c'est du plastique ! Et il faut trouver une filière de recyclage ou de compostage. Les deux centimes vont servir à contribuer à la recherche et au développement", explique Jean Hornain.
Une nouvelle filière en perspective ? Pas pour tout de suite. Le marché n'intéresse pas les recycleurs alors Citéo a demandé à une start-up de tester le mélange de ces bouteilles aux déchets organiques pour en faire du compost. Encore faut-il que le tri des biodéchets se généralise en France. C’est prévu dans la loi de transition énergétique d'ici... 2025.
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