Vidéo "C’était tellement intense que c'en était presque violent" : dix ans après la marche républicaine contre les attentats de janvier 2015, des membres de "Charlie Hebdo" et leurs proches se souviennent

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"C’était tellement intense que c'en était presque violent" : dix ans après la marche républicaine contre les attentats de janvier 2015, des membres de "Charlie Hebdo" et leurs proches se souviennent
"C’était tellement intense que c'en était presque violent" : dix ans après la marche républicaine contre les attentats de janvier 2015, des membres de "Charlie Hebdo" et leurs proches se souviennent "C’était tellement intense que c'en était presque violent" : dix ans après la marche républicaine contre les attentats de janvier 2015, des membres de "Charlie Hebdo" et leurs proches se souviennent (13H15 LE DIMANCHE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Le 11 janvier 2015, une grande marche républicaine réunissait des centaines de milliers de Français pour défendre la liberté d'expression. Une mobilisation inédite pour soutenir les victimes des attentats, ressentie différemment par certains d'entre eux.

Il y a dix ans, le 11 janvier 2015, une grande marche républicaine s’organisait partout en France. Quatre jours auparavant, la tuerie dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo marquait le début des attaques islamistes en région parisienne, faisant 17 morts. Pour rendre hommage aux victimes et tenir tête au terrorisme, des centaines de milliers de personnes ont marché en brandissant des crayons et des pancartes "Je suis Charlie". A Paris, en tête de cortège, les familles et les proches des victimes étaient suivis par le président français, François Hollande, entouré d’une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement.

Cette mobilisation d’une ampleur inédite a pourtant été difficile à vivre pour certains rescapés des attentats et les proches des victimes. Natacha, la fille du dessinateur Georges Wolinski, assassiné lors de l’attaque de Charlie Hebdo, explique s’être sentie obligée de refouler ses émotions pour faire face à l’événement : "C’est vrai que c’était un réconfort incroyable de se sentir portée, mais en même temps, ça a créé une forme de fracture parce qu’en fait, moi, c’était mon papa que j’avais perdu. Et donc il y avait en même temps la douleur d’avoir perdu mon père et d’être une citoyenne comme eux, confie-t-elle. Si ce n’était pas mon père, je serais allée mettre un crayon, moi aussi. Et j’ai eu beaucoup de mal à être entre ces deux positionnements, parce qu’en tant que citoyenne, il fallait tenir, avoir un discours, être courageuse, porter le flambeau, et en tant que fille, on n’est quasiment pas autorisée à s’effondrer. Il fallait tenir aussi pour toutes ces raisons-là."

"J'étais présente sans l'impression d'être vraiment là"

La dessinatrice Coco était encore sous le choc de l’attentat lorsqu'elle a participé à la grande marche. Elle était présente avec l’impression de ne pas y être vraiment : "Il y a eu des moments de blanc, alors quand j’ai vu 'Je suis juif' à une fenêtre, je n’ai pas compris parce que c’était impossible, à ce moment-là, d’être attentif à tout, avoue-t-elle. Et ça a été effroyable de comprendre le pourquoi de tout ça. Même la mort des frères Kouachi à Dammartin-en-Goële, j’avais mis ça un peu loin. On voyait tous ces gens, 'Je suis Charlie', la liberté et tout ça... Il y en avait qui avaient imprimé les lunettes de Charb, les lunettes de Cabu en gros. Il y avait des crayons partout, les gens avaient réagi avec tout ce qu’ils pouvaient, ils voulaient témoigner de quelque chose d’extrêmement fort. C’était bien sûr protéiforme, ils pouvaient défendre des valeurs républicaines, la liberté d’expression, le journal, leur amour à Cabu, le dessin, la liberté, dire non aux terroristes... Parce qu’en France, un attentat comme ça contre des journalistes, c’est fou !"

L’avocat de Charlie Hebdo Richard Malka a quant à lui vécu cette grande mobilisation comme le moment le plus étrange de sa vie : "Charlie est le journal le moins consensuel qui soit et se retrouver là, c’est lunaire, c’est pas la place de Charlie. Donc oui, c’est sûr, on se sent soutenu mais il y a une impression pour moi d’étrangeté absolue. D’un seul coup, on a été télétransportés sur une autre planète où Charlie est soutenu par des millions de personnes, alors que c’est un journal iconoclaste, c’est une bande de 30 rigolos. Rien n’a de sens dans ce moment, en fait."

"J’avais envie de me mettre sous mes draps, dans mon lit"

Quant au dessinateur Riss, blessé dans les attentats quelques jours plus tôt, il a été dépassé par l'ampleur du rassemblement : "C’était un peu écrasant comme événement, et j’avais envie de me mettre sous mes draps, dans mon lit, de me protéger un peu de tout ça. C’était tellement intense que c'en était presque violent. On a envie de dire 'Mais pourquoi ils font tout ça ?' ... On m’a expliqué que même le bourdon de Notre-Dame avait sonné. C’était un peu surréaliste, je ne mesurais pas l’impact que ça avait eu à l’extérieur."

Extrait de "Charlie, vivre encore", diffusé dans "13h15 le dimanche(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)" le 5 janvier 2025.

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