: Vidéo "Cash Investigation" a enquêté sur les fonds verts de la BNP
L’équipe de "Cash Investigation" a passé à la loupe toutes les entreprises qui se trouvent dans les fonds verts de la BNP. Et y a débusqué des choses surprenantes... Extrait de "Superprofits : les multinationales s’habillent en vert", une enquête à voir le 26 janvier à 21h10 sur France 2.
BNP Paribas promet à ses clients d’investir dans des solutions d’épargne responsable. Le premier établissement bancaire en France serait-il vraiment un champion de "l'économie verte" ? Les journalistes de "Cash Investigation" ont analysé avec précision la myriade de fonds verts de la banque. Pour les aider, ils ont fait appel à un expert, Julien Lefournier, qui a travaillé pendant vingt-cinq ans sur les marchés financiers pour le compte de plusieurs banques. Il a assisté à l’essor de ce qu’on appelle la finance verte. "Après 2008, l’image des banques était extrêmement dégradée puisqu'elles avaient perdu énormément d'argent sur les subprimes. Et donc, effectivement, la finance verte, c'était une manière de se présenter sous un jour plus favorable. C'est aussi un habillage de la finance elle-même, en réalité", considère-t-il.
Qu'en est-il des produits financiers verts de la BNP ? S'agit-il, là aussi, d'une forme "d'habillage" ? Le magazine présenté par Elise Lucet a commencé par se pencher sur le fonds mis en avant par tous les conseillers bancaires rencontrés, Aqua, qui cible les entreprises du secteur de l'eau. La BNP promet que ce fonds permet d'épargner utile en contribuant à relever le défi de l'eau : les investisseurs financent ainsi des installations qui contribuent à fournir une eau de qualité nécessaire aux activités humaines tout en respectant l'environnement. "En soi, ça a l'air très, très bien. Parce que l'eau, c'est la vie. Le cycle de l'eau, l'impact du réchauffement climatique sur l'eau... L'eau, c'est un sujet très important, c'est une thématique environnementale", juge Julien Lefournier.
Des arguments marketing ?
Mais en y regardant de plus près, une entreprise présente dans ce fonds pose question. Elle s’appelle The Toro Company et fait partie des leaders dans l’entretien des gazons et l’arrosage des terrains de golf. "Finalement, on trouve une société dont le business, c'est l'arrosage automatique de terrains de golf, c'est-à-dire une eau qui est gâchée, estime Julien Lefournier. C'est déjà extrêmement tendu au niveau de l'eau, donc c'est complètement contre nature."
Après le fonds Aqua, "Cash Investigation" a épluché 13 autres fonds verts de la BNP. Et a repéré de nombreuses anomalies. Parmi les entreprises choisies par les gestionnaires de la banque, on trouve en effet Umicore, une entreprise belge de production et de recyclage de métaux non ferreux. Dans les Cévennes, cette société a été à l’origine d’un scandale environnemental dans les années 1970, qui perdure encore aujourd’hui : une pollution aux métaux lourds sur un de ses sites miniers, ayant de graves conséquences dans les villages environnants. Plus récemment en Belgique, Umicore est responsable d’une montagne de déchets radioactifs à Olen, dans la province d’Anvers : des terres contaminées au radium, un élément radioactif toxique dont la durée de vie est estimée à 1 600 ans. Autre surprise, la marque de soda Coca-Cola fait également partie des entreprises choisies par la BNP. Or, selon l’ONG Break Free From Plastic, Coca-Cola est l'entreprise qui génère le plus de déchets en plastique au monde...
Pour finir, "Cash Investigation" a scruté le fonds Actions Euro Responsable, qui cible les sociétés de la zone euro se distinguant par leur comportement responsable et leur contribution au développement durable. Parmi les entreprises choisies se trouve... TotalEnergies. La compagnie pétrolière française contribuerait-elle véritablement au développement durable ? "Si les mots ont un sens et si on veut que son épargne ait un sens, il ne faudrait pas que TotalEnergies puisse se trouver dans un fonds qui s'appelle Actions Euro Responsable. Ça n'a pas de sens", conclut Julien Lefournier.
Pour justifier la présence de The Toro Company, le spécialiste de l’arrosage, dans le fonds Aqua, BNP Paribas a écrit à "Cash Investigation" : "L’entreprise a gagné le prix US EPA WaterSense Excellence Awards sept années consécutives pour avoir permis à ses clients d’économiser de l’eau." Sur Coca-Cola, la BNP reconnaît que "les indicateurs plastique ne sont pas suffisamment intégrés" et ajoute "nous travaillons à une meilleure prise en compte de cet enjeu". Enfin, elle indique que le fonds Actions Euro Responsable n’existe plus.
Extrait de "Superprofits : les multinationales s’habillent en vert", une enquête de Claire Tesson diffusée dans "Cash Investigation" le jeudi 26 janvier 2023 à 21h10 sur France 2.
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