: Vidéo "Cash Investigation". Près d'un million de salariés en France sont exposés à une poussière cancérogène
On croyait la silicose disparue avec la fermeture des mines en France, pourtant, elle existe toujours et de nombreux professionnels en pâtissent. Comme Rodolphe Gruloy, que "Cash Investigation" a rencontré pour son enquête "Travail de malade, malade du travail", diffusée le 25 janvier. Pendant quarante ans, il a travaillé comme spécialiste en explosifs sur les chantiers d’autoroutes et les carrières. Il a longuement été exposé à l’inhalation de poussières de silice cristalline : "Suivant comment tourbillonnent les vents, on est quasiment en permanence dans un milieu poussiéreux", explique-t-il.
Aujourd'hui âgé de 63 ans et retraité, Rodolphe Gruloy souffre d'une silicose. Sa capacité respiratoire et sa résistance à l'effort sont altérées, il se sent facilement fatigué... Et il pense que ses "symptômes vont évoluer, mais pas dans le bon sens". Il dit "payer le prix" de ne pas avoir porté de masque pour se protéger. Mais savait-il, quand il était en activité, qu'il respirait une poussière potentiellement dangereuse, classée cancérogène ? "On ne savait pas, personne ne nous en parlait. On savait qu'il fallait éviter de respirer de la poussière, mais on ne parlait jamais de silicose. On ne nous parlait pas des conséquences que cela allait éventuellement avoir."
La silicose, une maladie incurable
En effet, l'exposition prolongée à la poussière de silice cristalline peut entraîner une silicose. Et ce type de poussière est présent dans une multitude de secteurs : la construction et le bâtiment mais aussi la fabrication du verre, du cristal, des prothèses dentaires, les fonderies, la métallurgie... Dès que l'on scie, casse ou perce de la pierre ou du béton, il faut porter un masque, comme le recommande l’autorité nationale de sécurité sanitaire, l’Anses. Les bricoleurs qui effectuent de longs travaux chez eux sont aussi concernés.
Inhalées, les particules de silice cristalline se logent dans les alvéoles pulmonaires et provoquent une réaction inflammatoire pouvant entraîner une fibrose pulmonaire irréversible : la silicose. Au CHU de Rennes, le professeur Christophe Paris, chef du service de pathologies professionnelles et environnementales, chercheur à l'Inserm et référence en la matière, analyse les scanners de nombreux poumons malades. La plupart de ses patients atteints de silicose viennent d’un secteur d’activité spécifique : "Ici, on a beaucoup de patients qui viennent du bâtiment, travaux publics, et puis tous les métiers qui peuvent être amenés à travailler sur du béton ou des agglomérés. Par exemple, les ouvriers de voirie qui refont les bordures de trottoir..."
Est-il possible de se débarrasser de la poussière de silice incrustée dans les poumons ? "Non, prévient le professeur. Il n’y a pas traitement pour la silicose. Il n’y a pas de façon de revenir en arrière."
Extrait de "Travail de malade, malade du travail", une enquête de "Cash Investigation" à voir le 25 janvier 2024 à 21h10 sur France 2.
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