Vidéo Action, "un magasin qui produit des bénéfices, mais qui va produire des malades", avertit un inspecteur du travail

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Action, "un magasin qui produit des bénéfices, mais qui va produire des malades", avertit un inspecteur du travail
Action, "un magasin qui produit des bénéfices, mais qui va produire des malades", avertit un inspecteur du travail Action, "un magasin qui produit des bénéfices, mais qui va produire des malades", avertit un inspecteur du travail (COMPLÉMENT D'ENQUÊTE / FRANCE 2)
Des colis jetés dans les allées des magasins pour accélérer la mise en rayon, le déchargement des palettes effectué à mains nues… une journaliste de "Complément d'enquête" embauchée dans un magasin Action a montré à un inspecteur du travail les pratiques qu'elle a pu filmer.

Que se passe-t-il chez Action ? Pour comprendre le quotidien des salariés du discounter, parfois décrit sur internet comme un cauchemar, une journaliste de "Complément d'enquête" s'est fait embaucher en CDI comme employée de magasin, payée au smic. Pendant deux semaines, Marie a filmé en caméra cachée.

Ce matin-là, elle commence à 6 heures. Comme souvent selon ses collègues, un salarié manque à l'appel. Les autres membres de l'équipe vont devoir se partager ses "charrettes" (les palettes de colis, à ranger dans un temps calculé à la minute près pour chacune) sur leur propre temps de mise en rayon. Alors, pour aller plus vite, les colis sont littéralement jetés dans les allées.

"Complément d'enquête" a fait visionner les images filmées à un inspecteur du travail, délégué à la CGT. Après avoir précisé que le chronométrage n'est pas interdit en soi, Gérald Le Corre rappelle "l'obligation légale de sécurité" établie par les règlements européens. "Et il n'y a pas besoin d'être médecin spécialisé pour se rendre compte que les conditions de travail de ces salariés-là vont forcément amener à des pathologies", ajoute-t-il.

Infractions au Code du travail

Mal au dos, aux jambes, aux pieds... La plupart des salariés que les journalistes infiltrés ont côtoyés se plaignent de douleurs physiques. Même les plus jeunes, même les plus sportifs. Aux risques que représentent le port de charges lourdes et les gestes répétitifs s'ajoute celui d'un accident du travail, par exemple en déchargeant les cartons à mains nues. Dans le magasin où a filmé la journaliste de "Complément d'enquête", il n'y a qu'une seule paire de gants pour tous les employés, "c'est le premier arrivé le premier servi". 

"Une infraction" qui fait bondir l'inspecteur du travail, et "peut monter jusqu'à 10 000 euros par salarié concerné. Même chose s'il n'y a pas de chaussures de sécurité ou de transpalettes électriques". En voyant ces salariés d'Action "prendre des paquets qu'ils vont déposer avec les bras au-dessus des épaules [un facteur de risque cardiaque], se baisser, travailler à genoux, alors que depuis trente ans, les directives européennes et le Code du travail en France imposent de recourir à de la manutention mécanique avec des chariots électriques, de limiter le port de charges…", Gérald Le Corre conclut à "un choix politique, un choix économique, délibéré".

"Donc là, on a un magasin qui produit sûrement des bénéfices, mais en tout cas, je vous le dis, qui va produire des malades. Des malades de demain, c'est évident, avec des conditions pareilles."

Gérald Le Corre, inspecteur du travail, délégué CGT,

dans "Complément d'enquête"

Accidents du travail et maladies professionnelles en augmentation

Dans un rapport interne datant de 2023, que "Complément d'enquête" s'est procuré, la direction du groupe tient à jour des tableaux répertoriant les cas de "tendinopathie chronique de l'épaule", "syndrome du canal carpien" ou "sciatique par hernie discale". Le même document révèle une augmentation du nombre de maladies professionnelles et d'accidents du travail. Il indique aussi que chez Action, le taux de cotisation (calculé par l'Assurance maladie en fonction de leur gravité et de leur fréquence) est passé de 2,37% à 3,60 % en deux ans, bien au-dessus du taux collectif appliqué dans le secteur.

En 2023, suite à un grand nombre de "constats convergents", un Groupe national de veille, d'appui et de contrôle (GNVAC) a été mis en place par le ministère du Travail pour obtenir "l'amélioration des conditions de travail des 17 000 salariés" d'Action. La direction du groupe a assuré à "Complément d'enquête" fournir à l'ensemble de ses salariés le matériel pour les protéger et faciliter leurs tâches : entre autres, des genouillères, des chaussures de sécurité, ainsi que des formations de prévention des risques professionnels. Concernant les temps de mise en rayon, la DRH du groupe a indiqué qu’il s’agissait d’un délai uniquement indicatif, et a ajouté que chaque responsable de magasin devait s'assurer de pouvoir planifier suffisamment de collaborateurs pour garantir un rythme normal.

Extrait de "Action : toujours moins cher, mais à quel prix ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 12 décembre 2024.

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