: Vidéo Complément d'enquête. Comment l'association L214 a fait fermer l'abattoir d'Alès
Avec une vidéo insoutenable montrant des animaux abattus encore conscients, ils ont fait fermer l'abattoir d'Alès en octobre 2015. "Complément d'enquête" a rencontré Brigitte Gothière et Sébastien Arsac, cofondateurs de l'association L214. Attention, certaines images sont difficilement supportables.
Des vaches égorgées encore conscientes ou des cochons gazés longuement au dioxyde de carbone, puis saignés au moment où ils reviennent à eux. Ces images insoutenables tournées clandestinement à l'abattoir municipal d'Alès, dans le Gard, ont fait le tour des médias en octobre 2015. "L'abattoir de la honte" fait les gros titres de la presse. Cette vidéo qui montre des conditions d'hygiène et d'abattage à la limite de la légalité aboutit à la fermeture administrative de l'abattoir pour un mois*. Une enquête judiciaire est ouverte pour "actes de cruauté".
Pour son numéro consacré à "La guerre de la viande", "Complément d'enquête" est revenu sur ce "coup" médiatique d'une petite association lyonnaise, L214. Le magazine a rencontré ses cofondateurs, Brigitte Gothière et Sébastien Arsac. Depuis leur premier fait d'armes – se faire embaucher dans un abattoir Charal –, ils révèlent les coulisses de l'industrie de la viande à l'aide de vidéos clandestines.
Plus de 2 millions de vues sur internet
Comment ont-ils obtenu ces images ? "C'est une personne qui avait accès à l'abattoir qui nous a contactés", explique Brigitte Gothière, qui souhaite rester discrète sur leur provenance. Sébastien Arsac, ancien instituteur, s'inspire des techniques de communication des grandes associations américaines. Pour amplifier le buzz médiatique, L214 demande à un visage connu d'accompagner la vidéo. Pas plus de quatre ou cinq minutes d'images terribles que la voix rendra plus supportables. C'est la comédienne Hélène de Fougerolles, elle-même végétarienne, qui dit le commentaire.
Et ça marche : la vidéo a été vue plus de 2 millions de fois sur internet, et l'enquête suit son cours. L'association est en pleine croissance et vient par exemple de recevoir un chèque de... 94 000 euros. Mais la principale victoire, pour Brigitte Gothière, c'est "d'avoir contribué à briser l'omerta et à faire que cette question, désormais, se pose : faut-il continuer à manger des animaux ?"
* Depuis, l'abattoir d'Alès a rouvert... mais n'a pas souhaité répondre aux questions de "Complément d'enquête".
Extrait du reportage "Les anti-viande voient rouge" de Nathalie Sapena, Karine Guillaumain et Mickael Bozo, diffusé dans "Complément d'enquête. La guerre de la viande", le 28 janvier 2016.
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