: Vidéo En 1989, "l'affaire du foulard islamique" tourne à l'affaire d'Etat
Après un été de polémiques identitaires, retour sur la première d'entre elles. En 1989, trois collégiennes qui refusent d'ôter leur foulard en classe déclenchent une polémique nationale. Extrait d'un reportage de "Complément d'enquête".
1989 : en refusant de retirer leur foulard en classe, trois collégiennes de Creil, dans l'Oise, déclenchent une polémique nationale. "Une guerre de tranchées", selon les mots de l'ancienne rédactrice en chef du Nouvel Obs Elisabeth Schemla : "C'était extrêmement violent, cet affrontement entre ces deux conceptions de la laïcité."
Sur les trottoirs de Paris, les musulmans manifestent. Sur les plateaux télé, les politiques sont sommés de s'expliquer, tel Lionel Jospin, alors Premier ministre. Et jusque dans les couloirs de l'Assemblée, les députés se chamaillent... avec un fichu sur la tête.
Joxe se fait "engueuler" par Mitterrand
L'affaire vaudra même au ministre de l'Intérieur un rappel à l'ordre présidentiel. Pierre Joxe sait que ça existe depuis longtemps, les foulards au collège. Mais il n'en parle pas au président de la République. "Mitterrand m'a engueulé", raconte-t-il avec le sourire. "Je l'ai un peu agacé."
D'autant que le ministre de l'Intérieur a en sa possession "des rapports assez précis. Je savais qu'il y avait 153 collèges en France où il y avait une ou plusieurs jeunes filles avec un fichu sur la tête". Au début, Mitterrand ne veut pas croire que le phénomène est général. "C'est à ce moment-là qu'on a découvert le problème", et que "les langues se sont déliées du côté des chefs d'établissement", se souvient Elisabeth Schemla.
Extrait de "Creil : voile sur les filles", un reportage diffusé dans "Complément d'enquête" le 6 octobre 2016.
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