Vidéo "On m'accuse de traumatiser des enfants" : une infirmière scolaire chargée des cours d'éducation à la sexualité affirme avoir dû baisser les bras face aux attaques des réseaux conservateurs

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"On m'accuse de traumatiser des enfants" : une infirmière scolaire chargée des cours d'éducation à la sexualité affirme avoir dû baisser les bras face aux attaques des réseaux conservateurs
"On m'accuse de traumatiser des enfants" : une infirmière scolaire chargée des cours d'éducation à la sexualité affirme avoir dû baisser les bras face aux attaques des réseaux conservateurs "On m'accuse de traumatiser des enfants" : une infirmière scolaire chargée des cours d'éducation à la sexualité affirme avoir dû baisser les bras face aux attaques des réseaux conservateurs (COMPLÉMENT D'ENQUÊTE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
C'est un sujet sensible devenu le terrain d'une bataille idéologique. Au nom de la protection des enfants, certaines associations ultra-conservatrices et figures d'extrême droite mènent une lutte acharnée contre l'éducation à la sexualité à l'école primaire. Dans cet extrait de "Complément d'enquête", voici le témoignage d'une infirmière scolaire qui a dû, depuis, renoncer à dispenser ces cours.

C'est une annonce qui a fait bondir la droite conservatrice et l'extrême droite : en 2022, le ministre de l'Education Pap Ndiaye décide de s'emparer de l'un des sujets les plus délicats à aborder dans un cadre scolaire : la sexualité. Les élèves sont censés bénéficier de trois séances d'éducation à la sexualité par an, mais c'est le cas pour moins de 15% d'entre eux.

Début 2023, certaines associations (comme SOS Education ou le collectif Parents Vigilants, proches d'Eric Zemmour) vont faire d'une infirmière scolaire l'incarnation des dérives dénoncées par ses représentants sur les plateaux télé. Lors des cours, elle aurait selon eux expliqué "à des enfants de 9 à 10 ans ce qu'étaient la fellation, la sodomie, le cunnilingus, le changement de sexe, ou encore le 'caressage' de testicules". Ces supposées citations d'enfants sont répétées en boucle jusqu'à jeter le discrédit sur toute l'éducation à la sexualité : "On peut faire le sexe dans les fesses", "Pour le plaisir, une fille peut sucer le pénis du garçon", ou "C'est aux parents de nous vacciner contre le papillon" (pour "papillomavirus").

Des propos choquants ont-ils été tenus devant des élèves de 10 ans ?

Que s'est-il vraiment passé dans cette classe de CM2 ? A Saint-Etienne, l'infirmière scolaire ciblée par cette violente controverse a accepté pour la première fois de raconter à visage découvert comment elle l'a vécue.

Dans cet extrait de "Complément d'enquête", l'intervenante dément absolument avoir prononcé ces phrases et employé les termes qui lui sont reprochés – son récit a été attesté par l'enseignante présente dans la classe durant la séance. Elle explique avoir parlé du "papillomavirus", devenu "papillon" dans la bouche des enfants, dans un but de prévention. Quant à la phrase "On peut faire le sexe dans les fesses" qui tournait en boucle dans les médias, un enfant l'aurait rapportée à sa mère. L'infirmière se souvient que la question avait effectivement été posée en ces termes par l'un des élèves pendant la séance, et écartée car "inadaptée à leur âge".

Plus d'un an après le début de cette polémique qui lui a fait l'effet d'"une claque", l'infirmière scolaire est encore sous le choc. En revoyant une vidéo diffusée par un magazine qui se présente comme un média d'information alternative, elle fond en larmes. Sur les images, une mère rapporte qu'en janvier 2023, après son cours, son fils "est revenu perturbé de l'école".

Des cours qui ont permis à certains enfants de dénoncer des abus sexuels

"Je fais ça depuis quinze ans, je fais de mon mieux pour protéger les enfants, et j'ai l'impression qu'on m'accuse de ne pas les protéger, réagit-elle… On me dit que je traumatise des enfants ! Je fais ça parce que je pense que c'est essentiel, pour les protéger, de leur parler de leur futur, de leur santé, de leur santé sexuelle." A cause des réseaux qui les attaquent, déplore-t-elle, ses collègues sont de plus en plus nombreux à baisser les bras, d'autant que l'administration ne leur apporte guère de soutien, selon elle... L'infirmière a ainsi été suspendue de ses fonctions de formatrice à l'éducation à la sexualité, et beaucoup ont cessé de dispenser ces cours. Ils ont pourtant déjà permis à des enfants, venus parler en privé à l'intervenant après la séance, de dénoncer des abus sexuels.

Extrait de "La guerre de l’info sur les bancs de l’école", réalisé en partenariat avec la rédaction de l’AFP Factuel, à voir dans "Complément d'enquête" le 21 novembre 2024 à 22h45.

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