: Vidéo "Envoyé spécial" au cœur d'un procès d'assises : "La vérité, on ne la connaît pas, il faut se contenter d'une vérité judiciaire"
Exceptionnellement, "Envoyé spécial" a été autorisé à filmer en intégralité un procès d'assises. Au palais de justice de Grenoble se tient celui d'un "crime de sang sur une femme commis par son conjoint" – un féminicide. L'histoire d'une procédure de divorce entre un père et une mère de cinq enfants qui a tourné au drame.
Séparé de son épouse, l'accusé la surveillait depuis des mois, obsédé par la crainte de la trouver en compagnie d'un autre homme. Lorsque c'est arrivé, par une nuit d'automne, il lui a porté huit coups de couteau. Elle est décédée à l'hôpital. Condamné pour meurtre à 24 ans de réclusion criminelle en première instance, il a fait appel de cette décision.
Au cœur de cette nouvelle audience, la question de la préméditation, non retenue lors du premier procès. L'accusé la réfute. Pourtant, selon les parties civiles – les filles, les sœurs et le dernier compagnon de la victime –, ce qui s'est passé cette nuit-là ne devait rien au hasard. Si la préméditation est retenue au terme de ce second procès, le meurtre sera requalifié en assassinat, passible de la réclusion criminelle à perpétuité.
L'accusé convaincra-t-il la cour qu'il n'a pas prémédité le meurtre ?
Au troisième jour de l'audience, la parole est à l'accusé. Il va pouvoir exposer sa version des faits. La présidente de la cour l'interroge pour obtenir des précisions, et le mettre face à certaines contradictions. Que fait-il à 2 heures du matin, caché dans le jardin du domicile où son ex-femme Lydia vit désormais avec son nouveau compagnon ? Selon le témoignage de ce dernier, cité par l'avocat des parties civiles, Lydia entend du bruit. "Morte de peur" parce qu'elle est "convaincue" qu'il s'agit de son ancien mari, elle lui demande de faire une ronde, puis finit par sortir. Elle est "en nuisette toute transparente", explique l'accusé, alors qu'avec lui, "elle était en pyjama ou en djellaba". Il aurait alors perdu le contrôle : "Quand j'ai vu ça, dit-il, j'ai vu rouge."
"Ça n'arrive quasiment jamais, que l'on sache tout d'un passage à l'acte, des faits que l'on a à juger... Donc il faut accepter ces zones d'ombre, faire avec, et travailler à partir des éléments de preuve que l'on a, et uniquement avec ça."
Valérie Blain, présidente de cour d'assises au palais de justice de Grenoble,dans "Envoyé spécial
"— C'est arrivé parce que je l'ai vue avec cet homme, voilà pourquoi c'est arrivé.
— Comme vous l'aviez dit depuis le début..." intervient la présidente, avant de lui citer l'un des témoins : "Elle nous a dit qu'elle avait entendu que si elle n'était pas morte, vous alliez la finir". Alors que l'accusé jure "sur la tête de [ses] enfants" que c'est faux, l'une de ses filles, présente à l'audience, quitte la salle.
La parole est ensuite à l'avocat des parties civiles pour une série de questions. "La notion même d'avocat, expose Me Guillaume Fort dans "Envoyé spécial", ça vient de la racine latine advocatus, qui veut dire 'porter la parole d'autrui'. On porte la souffrance des victimes, on explique à cet instant-là ce par quoi elles sont passées, quelles ont été les difficultés, tant des conséquences du crime qui a été commis, et également de porter la mémoire de la personne qu'on représente à cet instant-là, c'est-à-dire Lydia."
Extrait de "Au cœur d'un procès d'assises", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 25 mai 2023.
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