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Vidéo Jacques Bérès, médecin de guerre même chez les jihadistes

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Envoyé spécial
Envoyé spécial Envoyé spécial (MARC ROUSSEL, EMMANUEL OSTIAN / FRANCE 2)
Article rédigé par franceinfo - Hela Khamarou
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"Envoyé spécial" a suivi le cofondateur de Médecins sans frontières. Aujourd'hui retraité, il n'hésite pas à se rendre en Syrie et au Kurdistan irakien attaqués par les jihadistes du groupe État islamique. Parfois même, il sauve la vie de ces combattants qui menacent l'Occident.

Figure tutélaire de Médecins sans frontières, Jacques Bérès, 73 ans, s'est embarqué dans l'aventure humanitaire en 1971. Moins médiatique que Bernard Kouchner, il est aussi moins politiquement correct. Lui qui a le verbe haut et dérange les grandes ONG par ses prises de parole tranchées a vécu beaucoup plus de vies que nous tous réunis.

Aujourd'hui à la retraite, l'homme n'a pas rangé sa blouse blanche. Une équipe d'Envoyé spécial l'a suivi lors de l'un de ses derniers voyages, en Syrie. Grâce à de plus petites ONG, il finance ses déplacements sur le front. Les grandes ONG n'ont d'ailleurs souvent plus accès au théâtre des opérations.

Son cabinet médical, c'est le monde en guerre

Avant chaque départ, il prépare une valise pas comme les autres. On y trouve des paquets de morphine et autres antidouleurs surpuissants, mais aussi des pansements anti-hémorragie et du matériel médical qui font terriblement défaut sur le terrain. Cette valise qu'il emporte avec lui en cabine permettra de soulager la souffrance des blessés, et parfois d'en sauver.

Arrivé à Erbil, il est accueilli par un médecin kurde. C'est depuis le nord de l'Irak qu'il va traverser la frontière syrienne. Cette zone de danger surveillée par les combattants de Daech n'est que formalité pour ce médecin qui exerce depuis plus de quarante ans. Sur le chemin, les deux hommes vont confronter leur vision du métier, et se heurter à une incompréhension. Jacques Bérès ne cherche pas à savoir qui sont ces hommes et ces femmes qu'il soigne. Il a déjà eu sur sa table d'opération plusieurs jihadistes du groupe État islamique. Il les a traités comme n'importe quel autre patient. Mais au volant, le médecin kurde se demande pourquoi venir en aide à un jihadiste qui tue des innocents.

"J'ai une règle simple : quelqu'un est blessé, je le soigne"

"Parce qu'il a mal, parce qu'il risque de mourir, parce qu'il peut changer, parce que ce sont des jeunes, parce que ce sont des abrutis, parce qu'ils ont eu le cerveau remodelé, reformaté..." Et d'ajouter : "Je ne suis pas très doué pour la réflexion, je me fais des règles simples. Quelqu'un est blessé, je le soigne." Jacques Bérès pense encore pouvoir changer le monde, comme à ses débuts.

Fidèle au serment d'Hippocrate, il s'interroge souvent sur l'impact des humanitaires dans l'horreur de ce monde. Mais malgré les doutes, il continue à courir le monde pour soigner les populations dans le besoin. La zone de combat est son terrain de jeu, et il s'y rend avec l'espièglerie d'un enfant qui ne se sent pleinement en vie qu'en salle d'opération.

Sur Twitter, de nombreux utilisateurs ont salué le travail accompli par cet homme extraordinaire.

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