: Vidéo Les dessous de l'arnaque dite "au président"
L’arnaque dite "au président" a déjà coûté plus de 360 millions d’euros à des entreprises françaises depuis 2010. Carole Gratzmuller a été l’une des victimes de cette escroquerie. Le magazine "Envoyé spécial" du 18 juin l'a rencontrée.
Carole Gratzmuller, PDG d’Etna Industrie, une entreprise de composants hydrauliques basée à Argenteuil, dans le Val-d’Oise, emploie une cinquantaine de salariés, avec des clients aux quatre coins du monde.
Deux complices, un "pigeon"
Le principe est simple et nécessite deux complices. L’un se fait passer pour le chef d’entreprise – en l’occurrence Carole Gratzmuller, alors que celle-ci est en déplacement – auprès de la comptable. Cette dernière reçoit une série de mails signés du nom de la PDG, dans lesquels il lui est demandé de traiter une opération financière confidentielle. La comptable, qui ne met pas en doute l’identité de l'expéditeur, va correspondre avec l’escroc.
Une opération hautement confidentielle
Comme toujours dans les arnaques dites "au président", il est demandé à la cible de ne faire part à personne de ces transactions de fonds. Elles doivent être maintenues secrètes, pour la "sécurité" de l’entreprise. C’est en tout cas ce que cherchent à faire croire les arnaqueurs.
Parallèlement à l'envoi des mails, la comptable sera contactée par une personne qui se fait passer par un employé de KPMG (bureaux régionaux d’expertise comptable) pour mieux asseoir le scénario de l'arnaque. Mise en confiance, la comptable est persuadée que l’ordre émane de sa patronne. Pendant une heure et demie, l’escroc va l’appeler toutes les 10 minutes pour affermir son emprise. Elle finira par exécuter quatre virements, à la demande de l’escroc, d’un montant total de 500 000 euros, à destination d’un compte emprunt.
Cinquante emplois sauvés, une comptable licenciée
Lorsque Carole Gratzmuller revient de son rendez-vous dans l’après-midi, la comptable l’informe que la banque a besoin de son accord pour l’un des virements. C’est alors que la PDG découvre l’escroquerie. Elle parvient à bloquer trois virements sur quatre. La perte se limite à 100 000 euros. "Ils auraient pu tuer 50 emplois. On aurait mis tellement de temps à s’en remettre qu’on serait morts à petit feu", explique la dirigeante.
Pour la comptable, l’issue est moins "heureuse". Elle a perdu son emploi chez Etna Industrie pour avoir été trop crédule. Pourtant, elle est loin d’être la seule à avoir été piégée par l’arnaque au président. Depuis 2010, plus de 360 millions d’euros ont été dérobés à des entreprises françaises, en seulement quelques coups de téléphone.
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