: Vidéo Quand les politiques draguent l’électorat musulman
Dans le Val-d’Oise, la communauté musulmane est importante. En période électorale, les politiques y voient une nouvelle cible qu’il faut séduire pour obtenir son vote. Extrait du reportage "Liberté, égalité, laïcité ?" diffusé dans le magazine "Envoyé spécial" du 21 mai.
En France naît un intérêt politique croissant chez certains élus – qui leur en ferait presque oublier les bases de la laïcité. Pour comprendre ce phénomène, une équipe d’Envoyé spécial s'est rendue à la mosquée Al-Ihsan, l’une des plus grandes de France. Un bâtiment de 3 000 m2 à la façade arabisante, aux finitions mauresques, possédant son dôme doré et un mini-minaret, rappelant les grandes mosquées des pays arabes.
À la prière du vendredi, 5 000 fidèles
À l’heure de la prière, la mosquée fait salle comble. Près de 5 000 fidèles, pour la grande majorité des citoyens français d’origine musulmane. Des électeurs potentiels qu’il faut séduire, du moins le temps des campagnes électorales.
Âgé de 84 ans, Abdelkader Achebouche est le président de l’association Al-Ihsan et le responsable de la mosquée. Vingt ans de lutte acharnée pour obtenir la construction du bâtiment, inauguré en grande pompe le 29 juin 2010 par le Premier ministre François Fillon. Ce dernier avait alors déclaré lors de son discours officiel : "Le drapeau français est assez large pour respecter chacun dans ses différences." C’était d’ailleurs la première fois qu’un chef de gouvernement assistait à une telle cérémonie, au caractère religieux non dissimulé.
"Je suis très content. Il y a un résultat quand même, parce qu’au début, on n’était pas nombreux. On était 200 à 300 […], maintenant on est presque 5 000. C’est une fierté pour moi", confie Abdelkader Achebouche.
"À chaque élection, on voit défiler les candidats"
Mais tous ces fidèles sont avant tout des citoyens français qui suscitent l’intérêt et la convoitise des politiques locaux. Et les jeunes qui fréquentent cette mosquée ne sont pas dupes. "On sait très bien que pendant les élections, on voit défiler les différents candidats, le maire, on a même vu le ministre, donc voilà, au niveau des élections, y a pas photo, on est un électorat, donc forcément il faut nous convaincre. Et pour nous convaincre, ils viennent. On devient leurs amis", raconte l’un deux.
Un fidèle plus âgé confirme cette tendance : "Maintenant, la plupart des gens [de confession musulmane, ndlr] ont la nationalité française, donc le nombre de voix... bon, il a pris une extension. Vraiment, c’est énorme […], ça intéresse. Et ça va se faire de plus en plus."
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