Kaliningrad : l'enclave russe au cœur de l'Europe sous haute tension

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Kaliningrad : l'enclave russe au cœur de l'Europe sous haute tension
Kaliningrad : l'enclave russe au cœur de l'Europe sous haute tension Kaliningrad : l'enclave russe au cœur de l'Europe sous haute tension (Nous, les Européens / France 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Depuis la guerre en Ukraine, l'enclave de Kaliningrad cristallise les tensions. Encerclé par les pays de l'OTAN, ce territoire russe est aujourd'hui une véritable forteresse surmilitarisée. Les habitants y vivent de plus en plus coupés de l'Europe.

Depuis la guerre en Ukraine et les relations dégradées entre l’Europe et la Russie, Kaliningrad est devenu un lieu stratégique. Autrefois appelée Königsberg, cette ville était la capitale de la Prusse-Orientale avant d’être annexée par l’URSS après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, la région est coincée entre deux pays européens, la Lituanie et la Pologne, tous deux membres de l’OTAN, et le Kremlin en a fait une véritable forteresse où siège la flotte russe de la mer Baltique.

Depuis 2018, Kaliningrad abrite des missiles Iskander capables d’envoyer des charges conventionnelles ou nucléaires à 500 kilomètres, qui pourraient donc atteindre plusieurs pays de l’Union européenne. Avec ces armes tournées vers l’OTAN et la menace d’une extension du conflit, les relations se sont tendues de chaque côté des frontières : "Nous sommes un bastion, nous sommes comme un os dans leur gorge, c’est vrai que d’un côté, nous sommes entourés par les pays de l’OTAN, mais de l’autre, ils sont obligés de garder un œil sur nous, sur notre armée et notre flotte", explique un habitant.

"Tout d’un coup, nous sommes devenus des ennemis"

Avant la guerre en Ukraine, l’enclave était ouverte sur l’Europe, les habitants pouvaient franchir la frontière pour une virée au restaurant ou au supermarché. Aujourd’hui, il est compliqué pour les Russes de sortir de Kaliningrad. Et toute l’économie de la région a été bouleversée par les sanctions décidées par Bruxelles. Serguey Gos dirige une entreprise de transport et depuis plus de deux ans, ses camions ne sillonnent plus l’Europe. Il dit avoir l’impression d’être devenu une cible : "Le contexte est désagréable, tout ce que nous lisons dans les médias occidentaux à propos de Kaliningrad, des opérations militaires qui pourraient y être menées, toute cette surenchère de nos voisins, juste l’entendre, c’est désagréable. Avant, on avait des relations, il y avait des liens, on se souriait et maintenant, tout d’un coup, nous sommes devenus des ennemis", regrette-t-il.

Pour retrouver une activité florissante, le patron a dû revoir son activité et trouver de nouveaux clients en Russie. Il affirme pouvoir compter sur la mère patrie : "Nous sommes la Russie et peu importe que nous soyons ici, nous faisons partie d’un grand pays et nous faisons partie d’une grande histoire, il y a des inquiétudes, mais il n’y a pas de craintes." Pour contourner les frontières européennes, ses camions empruntent surtout la voie maritime : l’Etat russe a subventionné d’immenses ferries qui font la navette avec Saint-Pétersbourg.

Dans la ville, rien n’indique la possibilité d’une guerre, sauf de petits panneaux signalant les abris où se réfugier en cas de bombardement. Lorsque les équipes de "Nous, les Européens" (X) questionnent Dimitri Lyscov, le chef du service de communication de Kaliningrad, sur les mesures prises pour protéger les gens en cas de danger, celui-ci préfère tempérer la situation : "Mais quel danger ? Je ne vois pas, on ne menace personne. On vit tranquillement ici et on n’a pas de rhétorique agressive contre nos voisins. Alors oui, Kaliningrad est la base de notre flotte baltique, mais ça a toujours été comme ça, donc on est tranquille ici."

Extrait de "Ukraine, Europe : des destins liés", diffusé dans "Nous, les Européens" le 30 mai 2024.

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