Vidéo Des techniciens plutôt que des soldats : l'armée ukrainienne demande aux alliés une maintenance pour réparer le matériel sur place

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Des techniciens plutôt que des soldats : l'armée ukrainienne demande aux alliés une maintenance pour réparer le matériel sur place
Des techniciens plutôt que des soldats : l'armée ukrainienne demande aux alliés une maintenance pour réparer le matériel sur place Des techniciens plutôt que des soldats : l'armée ukrainienne demande aux alliés une maintenance pour réparer le matériel sur place (NOUS, LES EUROPEENS / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Depuis six mois, l'armée ukrainienne manque de munitions et d'équipements neufs. Sur le front, les soldats tiennent en bricolant de vieux chars. Pour entretenir leur matériel et gagner en efficacité, ils réclament des techniciens sur place.

Après deux ans et demi de guerre, les forces ukrainiennes s’essoufflent et ces dernières semaines, l’armée russe ne cesse de grignoter du terrain à l’est de l’Ukraine. Sur la ligne de front, le combat est inégal, car côté ukrainien, l’armée manque de munitions et d’équipements militaires. Pour mesurer l’intensité des affrontements, il suffit de se rendre dans une base arrière à l'emplacement tenu secret, où l’armée ukrainienne entrepose les blindés fournis par les alliés européens et américains, tous détruits par l’armée russe.

Sacha, le responsable de la base, constate que depuis six mois, les Ukrainiens n’ont plus la capacité de compenser leurs pertes matérielles. Dans ce "cimetière de blindés", il explique aux équipes de "Nous, les Européens" (X) que l’aide étrangère est aujourd’hui vitale : "Vous voyez le nombre de véhicules que l’on a perdus, ou qui ont été endommagés pour stopper notre ennemi, c’est énorme ! C’est ça, le prix de notre guerre. On a absolument besoin de nouvelles livraisons. Plus on reçoit ces équipements de l’étranger, plus on sauve nos hommes en première ligne et notre pays."

Une livraison de blindés... tous à réparer

Le 20 avril dernier, le Sénat américain a validé une nouvelle enveloppe d’aide de 61 milliards de dollars (environ 56,5 milliards d'euros) pour aider l’Ukraine et les premières livraisons de matériel ont eu lieu après six mois de blocage. Sur la base, une douzaine de véhicules blindés de transport de troupes, indispensables pour amener les soldats sur le front, viennent d'arriver.

Les unités en première ligne les attendent avec impatience, mais ces véhicules stationnaient depuis un moment dans une base américaine en Europe, et ils ne sont pas immédiatement opérationnels. Viktor, le responsable de l’entretien du matériel, a dressé l’inventaire des réparations à effectuer : "Le problème, c’est le pare-brise, il est dégradé. Les chauffeurs ne peuvent rien voir, surtout le soir, alors qu’ils conduisent beaucoup la nuit. En plus, on a vérifié tout le système électrique, les fusibles, et ce n’est pas en bon état, ça moisit parce qu’ils n’ont pas servi depuis un moment, ils n’étaient pas entretenus."

"On rafistole comme on peut" 

Malgré l’urgence, les soldats sur le front devront donc patienter avant d'utiliser ces véhicules. Pour certains modèles, la remise en état vire au casse-tête, car aucune pièce de rechange n'est livrée. Alors qu’il tente de réparer avec son équipe l’essieu d’un blindé produit par Renault, Oleh, le chef de l’atelier, peine à dissimuler son agacement : "On n'a aucune pièce détachée pour ce char, alors on fait de la soudure, on rafistole comme on peut. On bricole de vieilles pièces."

Une collaboration entre Kiev et Paris s’est organisée pour permettre aux équipes ukrainiennes d’apprendre à réparer les véhicules français. "Ces derniers mois, deux soldats de mon atelier sont allés se former à Metz. Ils ont appris comment entretenir ces véhicules. Mais j’aurai besoin que deux autres hommes au moins soient formés aussi. Ils pourraient partager leurs connaissances avec les autres gars de l’atelier, ça nous ferait gagner en efficacité", explique Oleh.

Bien plus que l’envoi de troupes, comme le suggère Emmanuel Macron, c’est un soutien technique que réclament ces hommes. Viacheslav, le directeur adjoint de la base, l’affirme : "Si les alliés veulent envoyer des hommes, ce sont des techniciens qu’il nous faut. Ici, on aurait besoin d’au moins deux spécialistes qui resteraient à temps complet pour nous guider et nous éviter de perdre du temps."

Extrait de "Ukraine, Europe : des destins liés", diffusé dans "Nous, les Européens" le 30 mai 2024.

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