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L’Afghanistan va voter, dans l’indifférence générale

Tous les jours "Un monde d'avance" donne un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée "sous les radars" et qui pourrait nous échapper. Aujourd’hui, direction l'Afghanistan en pleine campagne électorale. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des hommes accrochent des affiches électorales à Kaboul (Afghanistan), le 2 octobre 2018.  (WAKIL KOHSAR / AFP)

Le vote aura lieu le 20 octobre. Quinze millions d’Afghans sont appelés aux urnes pour renouveler l’intégralité du Parlement : ce sont les élections législatives. Et disons-le franchement, quasiment personne n’en parle. Ça en dit long sur l’indifférence vis-à-vis de ce pays du Moyen-Orient en proie à la guerre depuis maintenant 40 ans.  

Les législatives avant la présidentielle l'an prochain

Sur le papier pourtant, l’enjeu est de taille : le scrutin a été repoussé non-stop depuis près de trois ans, et 249 sièges de députés sont à pourvoir avec 2 500 candidats en lice. Sur le papier, il y a donc le choix, mais dans les faits, c’est plus compliqué. D’abord, les vieilles élites du pays tiennent les rênes du scrutin. Les plus jeunes ont beaucoup de mal à s’imposer, alors que la démographie du pays s’y prête : un Afghan sur deux a moins de 25 ans ! Quant aux femmes, leur rôle est là aussi très théorique. La Constitution impose 20% de femmes parmi les députés, mais dans la pratique, elles n’accèdent quasiment à aucune responsabilité.  

La communauté internationale va pourtant surveiller le vote avec attention. D’abord parce qu’elle s’interroge sur l’efficacité de l’aide financière apportée à Kaboul. Ensuite parce que le scrutin a tout de la répétition générale avant l’élection présidentielle prévue en avril prochain.

La sécurité, défi majeur

Comment organiser un vote démocratique dans un pays où le pouvoir contrôle à peine la moitié du pays ? Le reste est aux mains des Talibans, ou du groupe État Islamique, ou de chefs locaux qui n’ont rien à faire du gouvernement central.  

Sur les 7 000 bureaux de vote installés dans le pays, il y en aura au maximum 5 000 ouverts. Les cartes d’électeurs biométriques ne sont pas arrivées à temps dans la plupart des circonscriptions. Et surtout, les Talibans ont annoncé leur intention d’empêcher le scrutin par la violence. Il y a déjà eu plusieurs attentats ces derniers jours, avec six candidats tués depuis le début de la campagne. Et plus globalement, plus de 8 000 civils tués ou blessés depuis le début de l’année : c’est pire que l’an dernier. "Le scrutin ne sera sans doute pas parfait", conclut un diplomate européen. C’est le moins qu’on puisse dire.  

Les journalistes parmi les cibles 

C’est ce que vient nous rappeler l’une des expositions présentées à Bayeux (Calvados) au Prix des Correspondants de guerre : les images de Shah Marai que l’on peut découvrir au Musée de la Bataille de Normandie. Shah Marai était le chef photo de l’Agence France Presse à Kaboul, une figure de la presse en Afghanistan. Pendant 20 ans, il a pris plus de 20 000 photos !

Il est mort le 30 avril dernier, lors du double attentat qui a frappé ce jour là le cœur de la capitale afghane et qui a tué neuf journalistes. Ces images sont très émouvantes : elles montrent la guerre, mais aussi la paix, un homme qui travaille, une femme qui sourit, un enfant qui écarquille des yeux, des ballons de baudruche multicolores dans une rue. La vie en somme, ou ce qu’elle pourrait être en Afghanistan.    

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