Tanguy Martin (Terre de Liens) : "Sur les dix dernières années, on a perdu 80 000 agriculteurs en emplois nets"

Invité de Stéphane Dépinoy ce vendredi, Tanguy Martin, Porte-parole de l’association Terre de Liens, est revenu sur la question de l’artificialisation des terres agricoles : "On a 55 000 hectares qui disparaissent par an, c’est une catastrophe pour l’environnement, pour la biodiversité, pour le climat". D’après lui, cette question est un enjeu majeur, l’artificialisation des terres menaçant directement la souveraineté alimentaire de la France : "Ça représente l’équivalent de la surface pour produire l’alimentation d’une ville moyenne comme le Havre, qu’on perd tous les ans". Afin de protéger ces terres, il appelle donc à renforcer le droit de l’urbanisme, car il serait plus rentable de construire des habitations ou des zones économiques que de produire de l’alimentation.

Avec l’artificialisation des terres agricoles, un autre enjeu y est associé : celui de l’emploi. "Sur les dix dernières années, on a perdu 80 000 agriculteurs en emplois nets" estime Tanguy Martin. Ce qui incite à la mécanisation et à l’utilisation de produits chimiques pour maintenir la production, et ce, au détriment de l’environnement. D’ailleurs, la hausse de la production en France, ne permettrait selon lui pas de régler les problèmes de souveraineté alimentaire et de nourrir la planète dans le contexte de guerre en Ukraine. Le Porte-parole de l’association Terre de Liens s’explique : "On n’a pas de crise de production mondiale, on a une crise d’accès à l’alimentation mondiale". Il ajoute que la FAO affirme même qu’on va produire plus de blé cette année que l’année précédente : "Pour des raisons économiques, de déréglementation internationale, la petite baisse de production en Ukraine dérégule le marché, fait augmenter les prix et empêche certains pays d’être solvables pour l’alimentation".     

En ce sens, Tanguy Martin, tout en souhaitant au nouveau Ministre de l’Agriculture Marc Fesneau la bienvenue "dans l’ère de l’urgence", prévient qu’il devra changer de modèle. Il martèle qu’il y a un besoin crucial d’une nouvelle loi sur les terres, promise lors du quinquennat précédent mais jamais appliquée. Le Porte-parole affirme que le Ministre a été invité dans le Loiret, pour montrer comment l’association travaille : "On l’a invité à venir visiter une ferme qu’on est en train d’acquérir dans le Loiret, chez lui, pour lui montrer comment nous on travaille et les solutions qu’on promeut concrètement pour une agriculture écologique, paysanne, nourricière".