Colère des agriculteurs : Cette crise est "existentielle et très profonde", analyse Stéphane Le Foll, maire du Mans et ancien ministre de l'agriculture

Stéphane Le Foll était l'invité de "franceinfo soir", lundi 18 novembre.
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Stéphane Le Foll, invité de franceinfo le 10 octobre 2021. (FRANCEINFO)

Cette crise est "existentielle et très profonde. Elle a été amorcée il y a un an déjà", analyse, lundi 18 novembre, sur franceinfo Stéphane Le Foll, maire du Mans et ancien ministre de l'Agriculture sous François Hollande, alors que les agriculteurs expriment à nouveau leur mécontentement lors de nouvelles mobilisations notamment pour dénoncer l'accord entre l'UE et les pays du Mercosur, l'accord de libre-échange avec l'Amérique du Sud, que la Commission européenne souhaite signer avant la fin de l'année.

"C'est une crise qui est à la fois culturelle" et concerne le "rapport que les agriculteurs ont avec leur métier, vis-à-vis des puissances publiques". C'est aussi "une crise de l'agriculture vis-à-vis de son rapport à la question environnementale, vis-à-vis de ses rapports avec ses partenaires à l'échelon européen et à l'échelle mondiale", ajoute Stéphane Le Foll. Il estime que les "demandes sont légitimes", notamment "l'accumulation des normes". Cependant, il faudrait que les agriculteurs eux-mêmes "soient capables de réfléchir à de nouvelles manières de produire".

"Un marché agricole extrêmement fragile"

S'agissant du Mercosur. Si le traité de libre-échange s’applique, les pays de l’Union européenne pourront échanger des biens avec des pays d’Amérique du Sud plus facilement. Les droits de douane seront réduits pour leur vendre des voitures, par exemple. En échange, ces pays exporteront 99 000 tonnes de viande de bœuf ou de poulet tous les ans. Ce serait de 1,6% de la production européenne. "Ce n'est pas une submersion", reconnaît l'ex-ministre de l'Agriculture, mais "sur un marché agricole extrêmement fragile, la moindre variation de quantités peut avoir des impacts très importants sur les prix", d'autant que "c'est un marché qui n'est pas satisfaisant pour les agriculteurs" car "la question de l'élevage bovin est une question majeure".

Pour Stéphane Le Foll, "c'est une crainte qui est en partie justifiée et je n'ai jamais été favorable à cet accord". Pour lui, "le président de la République doit trouver la minorité de blocage alors que le ministre italien de l'Agriculture a dit qu'il était opposé à cet accord en l'état. On ne peut s'opposer à l'accord si on est tout seul à l'échelle européenne". Il faut qu'"on arrive à trouver trois ou quatre pays qui représentent au moins 35% de la population", pour bloquer cet accord.

"On a une capacité de production supérieure à ce que l'on peut consommer"

Le maire du Mans rappelle que "l'agriculture française est exportatrice, on a une capacité de production supérieure à ce que l'on peut consommer, que ce soit dans les céréales, la viticulture ou le lait", donc "rester dans l'idée que le monde entier serait contre l'agriculture française parce qu'il n'y aurait pas les possibilités d'appliquer les mêmes normes", ne doit pas être la seule stratégie.

Il met en garde les syndicalistes qui sont hostiles à l'Europe et "remettent en cause la totalité des accords commerciaux, ils devraient se rendre compte notamment sur le lait sur 26 milliards de litres, on en exporte 7 à 8 milliards, si jamais ces litres revenaient sur le marché national et européen, vous voyez l'impact que ça aurait", conclut Stéphane Le Foll.

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