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Covid-19 : "Le Parlement ne sert à rien", il y a un "exercice solitaire du pouvoir", dénonce Alexis Corbière

"Au bout d'un moment, ne banalisons pas le fait que les libertés publiques sont de plus en plus étouffées, qu'il y a un exercice solitaire du pouvoir", alerte sur franceinfo le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Alexis Corbière, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, dimanche 21 mars sur franceinfo.
 (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Le Parlement ne sert à rien, il n'est pas consulté", dénonce jeudi 1er avril sur franceinfo Alexis Corbière, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, après avoir boycotté le vote à l'Assemblée nationale sur la stratégie sanitaire du gouvernement.

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"Le Premier ministre vient uniquement répéter ce qu'a dit le président de la République et organise un débat qui n'est pas contraignant, c'est-à-dire que quel que soit ce qui aurait été voté, de toute manière, ça n'avait aucune conséquence", explique-t-il. Alexis Corbière estime qu'il ne faut pas banaliser "le fait que les libertés publiques sont de plus en plus étouffées, qu'il y a un exercice solitaire du pouvoir."

franceinfo : Pourquoi avoir boycotté ce vote à l'Assemblée nationale sur la stratégie sanitaire du gouvernement ? Ce débat suivi de ce vote non contraignant, il ne sert à rien à vos yeux ?

Alexis Corbière : Ce n'est pas un débat, parce que le fond, c'est de la forme et la forme c’est du fond en termes d'organisation. Le président de la République s'exprime hier soir et le lendemain, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre vient uniquement répéter ce qu'a dit le président de la République et organise un débat qui n'est pas contraignant, c'est-à-dire que quel que soit ce qui aurait été voté, de toute manière, ça n'avait aucune conséquence. C’est une démonstration que le Parlement ne sert à rien. Il n'est pas consulté. Il n'est pas utilisé pour que des stratégies éventuellement alternatives puissent avoir lieu et que les meilleures décisions soient prises.

Dans une grande démocratie, il faut qu'il y ait du consentement à l'autorité, que les choses ne soient pas binaires.

Alexis Corbière

à franceinfo

La situation à laquelle nous sommes aujourd'hui confrontés est la conséquence de mauvais choix. Dans les écoles, par exemples, nous avons proposé que des purificateurs d'air soient utilisés comme dans d'autres pays et généralisés dans les écoles, que l'on dédouble les classes, pourquoi pas en embauchant des assistants d'éducation, nos étudiants les plus qualifiés auraient pu le permettre. Ça fait un an que ça dure. Il y a beaucoup de choses sur lesquelles on ne demande pas notre avis. Nous avons fait plus de 11 propositions de loi pour ce qui est des Insoumis et on n'est pas les seuls et chaque fois, on balaye ça de la main. En août dernier, le ministre de la Santé avait dit qu'on pourrait ouvrir 14 000 lits de réanimation si c'était nécessaire. On en est à 8 000. Et hier soir, la République va passer à 10 000. Les objectifs qui étaient fixés précédemment par le gouvernement n'ont pas été appliqués. Donc, au bout d'un moment, ne banalisons pas le fait que les libertés publiques sont de plus en plus étouffées, qu'il y a un exercice solitaire du pouvoir. Attention c’est nos libertés et il faut que ce soit discuté collectivement.

Est-ce que tout est négatif à vos yeux ?

Qui ne fait pas d'effort actuellement ? Personne n'est irresponsable. Personne n'a envie que ça dégénère. On en fait tous des efforts. Mais on nous fixe des perspectives et des stratégies qui ne sont pas réalisées depuis le début. On ne veut pas mettre en œuvre d'autres types de stratégies. C’est le moment de réfléchir à un autre monde parce que le confinement est le grand révélateur des grandes inégalités. Je suis élu de Seine-Saint-Denis et en Seine-Saint-Denis, il y a des conditions d'accès à la santé qui ne sont pas les mêmes qu'ailleurs. Il y a des appartements surpeuplés et les mesures ne sont pas les mêmes partout parce que nous sommes aussi confinés dans nos inégalités.

Redoutez-vous que le tour de vis puisse dépasser le mois annoncé ?

J'aimerais croire comme tout le monde [qu'on ne dépassera pas ce mois de confinement]. Il y avait même une forme d'optimisme hier soir, avec une possible réouverture à la mi-mai des lieux culturels. Mais on a du mal à le croire. Moi, je ne fais plus confiance. C'est un bilan politique et les échecs sont ceux du gouvernement.

Pensez-vous que cela puisse avoir des conséquences sur les prochaines échéances électorales, que ce soit les élections départementales, les régionales, et la présidentielle ?

On verra, je pense aussi à la réforme de l'assurance chômage qui commence le 1er juillet, où des centaines de milliers de gens qui sont actuellement au chômage vont voir leurs droits baisser. La situation sociale risque de dégénérer. C'est ça qui m'inquiète. On verra ce que les Français en garderont comme analyse. Moi, je dis tirons les leçons politiques de tout ça. Le virus a été la caisse de résonance de toutes les inégalités et de l'affaiblissement des services publics.

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