Covid-19 : le président de la Fédération hospitalière de France veut "élargir très vite la seconde dose de rappel à la population générale"
Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, a expliqué sur franceinfo vendredi que l'hôpital "est sous très forte tension" alors que le pays est entré dans la cinquième vague.
"Il faut absolument accélérer la troisième dose pour ceux qui sont appelés à le faire", a plaidé sur franceinfo vendredi 19 novembre Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) et maire Agir de Fontainebleau (Seine-et-Marne). La Haute autorité de santé recommande une deuxième dose de rappel du vaccin contre le Covid-19 dès 40 ans. Frédéric Valletoux a également demandé à "élargir très vite cette dose de rappel à la population générale".
franceinfo : Que répondez-vous aux inquiétudes de Jean-Michel Constantin, le secrétaire général de la Société française d'anesthésie et de réanimation, qui parle d’un hôpital "à genoux", "malade" et se dit inquiet de voir arriver un afflux de patients ?
Frédéric Valletoux : On voit arriver l'hiver avec une certaine inquiétude. Le constat d'un hôpital sous très forte tension est partagé par tous les hospitaliers. Après deux ans de mobilisation contre le Covid-19 alors que l'hôpital était déjà fragile avant l'épidémie, on a des personnels moins nombreux sur le front et des tensions plus fortes. Les hospitaliers feront face mais à quel prix ? Il y aura sans doute encore des déprogrammations importantes, ce qui n'est pas sans répercussions en matière de santé publique. On sait que, traditionnellement, indépendamment de l'épidémie, la fin de l'année entre Noël et le jour de l'An est un moment très sensible, durant lequel la pression est forte sur les hôpitaux. La Fédération hospitalière de France a mené une enquête sur un tiers des hôpitaux, ce qui nous a permis d'extrapoler des chiffres aux alentours de 6% de lits fermés. Cela peut paraître peu mais c'est beaucoup parce que c'est deux fois plus qu'avant la crise. Ce n'est en revanche sans doute pas un lit sur cinq comme ça a pu être dit il y a quelques semaines. Néanmoins, on sait que, dans certains territoires, des hôpitaux sont plus touchés que d'autres, là où la pression est plus forte et le manque de personnel plus criant. On a un hôpital qui a besoin que l’on s'occupe de lui avec attention, une fois que tout cela sera passé, parce que la situation est délicate.
La Haute autorité de santé recommande une dose de rappel contre le Covid-19 aux personnes qui sont âgées de 40 ans et plus, six mois après la primo-vaccination. Faut-il prendre des décisions politiques fortes à ce sujet ?
On sait que la vaccination protège des formes graves. On sait aussi que les personnes qui font des formes graves et sont aujourd'hui très majoritairement dans les services de réanimation sont des personnes qui ne sont pas vaccinées ou qui, peut-être, n'ont pas fait le rappel si ce sont des personnes âgées. Il faut absolument accélérer la troisième dose pour ceux qui sont appelés à le faire. Il faut aussi élargir très vite cette dose de rappel à la population générale. Il faut insister auprès des 15% de Français qui ne se sont pas encore fait vacciner. (...) Nous étions favorables à la vaccination obligatoire de la population, compte tenu des enjeux et du risque de voir rebondir cette épidémie. L'Autriche est le premier pays à s'engager sur cette voie : peut-être qu'il faut y réfléchir. Face au Covid-19, il ne doit pas y avoir de débat tabou. La vaccination obligatoire est peut être un sujet qu'il faut poser à nouveau dans le débat public. L'objectif est qu'on n'assiste pas à des scènes d'hôpitaux débordés, que la population soit protégée et que l'on évite un nouveau confinement ou des mesures trop drastiques. (...) Si la pression épidémique est trop forte, on risque d'assister à des scènes qu'on n'a pas envie de voir, qu'on a à peu près réussi à éviter en France depuis deux ans.
Sommes-nous vraiment à l'abri d'un reconfinement ?
Personne ne peut le dire. On a vu depuis deux ans que la prévision était un art difficile et souvent plein d'erreurs. Il faut en permanence imaginer que le pire peut être envisagé. Il faut nous protéger, ne pas déroger aux gestes barrières, ne pas oublier que l'épidémie est là, que le virus rôde, qu'il revient fortement dans des pays voisins. (...) Ce ne sont pas des pays lointains, ce sont des pays voisins. L’hôpital est sur le fil du rasoir et la situation épidémique est sur le fil du rasoir. Il faut que l'on soit d'une extrême vigilance.
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