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"Gilets jaunes" : "J’aimerais qu’une délégation vienne à la marche pour le climat samedi prochain", déclare Yannick Jadot

Le député européen et tête de liste Europe Écologie-Les Verts pour les prochaines élections européennes était l'invité du 19h20 politique de franceinfo lundi.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député européen Europe Écologie-Les Verts Yannick Jadot le 3 décembre 2018 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"J’aimerais qu’une délégation des 'gilets jaunes' vienne à la marche pour le climat samedi prochain pour bien indiquer qu’ils sont pour le climat, pour la santé, mais qu’en même temps, ils veulent comme nous de la justice sociale", a demandé Yannick Jadot, député européen et tête de liste Europe Écologie-Les Verts pour les prochaines élections européennes, lundi 3 décembre sur franceinfo.

franceinfo : Vous avez rencontré le Premier ministre, il vous a paru avoir pris la mesure de la crise politique et sociale qui se développe dans le pays ?

Yannick Jadot : Clairement pas. J’étais déjà à l’Élysée la semaine dernière, on avait eu une situation totalement lunaire où le président de la République disait entendre les Français mais ne proposait aucune mesure d’accompagnement. On a l’impression qu’on a un gouvernement qui n’a toujours pas compris la colère dans ce pays et ne veut toujours pas se donner les moyens d’y répondre. Nous, nous avons rappelé nos demandes : que chaque euro collecté à travers cette fiscalité écologique soit rendu aux Français pour les accompagner, pour investir. Il faut aussi mettre en place, en urgence, dès la semaine prochaine, les états généraux de la vie chère parce qu’au fond la fiscalité écologique n’est que prétexte à un problème beaucoup plus lourd : la fracture territoriale, les inégalités sociales, les pertes de pouvoir d’achat. Et puis, il faut investir pour aider les Français sur les transports du quotidien ou sur leur logement.

On a l’impression que le mouvement s’étend. Est-ce que la situation est encore maîtrisable ?

Elle est maîtrisable si le président de la République propose des objectifs et des moyens à la hauteur de la fracture territoriale, sociale et générationnelle. Qu’on ait voté pour ce président ou pas, il a été élu sur l’idée qu’il allait porter un projet, et qu’il allait faire bouger de pays, réconcilier les Français. Force est de constater qu’après un an et demi, c’est le contraire qui est advenu. Il y a le sentiment et la réalité d'injustice sociale, d’injustice fiscale, et des personnes qui depuis 30 ans se voient offrir pour seul modèle l’éloignement des lieux de consommation, avec les hypermarchés en périphérie, ou l’éloignement des services publics et des loisirs.

Est-ce que c’est au président de prendre la main et de s’exprimer ?

La question n’est pas son expression, le président de la République n’a pas cessé de s’exprimer ces derniers mois pour finalement dire : 'je vous ai compris mais je garde le cap et je ne modifie pas ma politique'. La crainte que j’ai, c’est que d’ici la fin de semaine, une fois de plus, l’écologie soit la victime expiatoire de problèmes beaucoup plus lourds et auxquels on ne voudra pas s’attaquer parce qu’on n’a pas envie de s’y attaquer. En ayant finalement supprimé ce qui reste, on ne fera plus rien sur ces fractures territoriales ou ces problèmes d'inégalités sociales. Il faut à la fois investir : qu’on arrête de fermer les petites gares, les services publics. Qu’on remette des agriculteurs dans nos campagnes. On a eu droit à tout dans la séquence : une forme de mépris qui est de dire que les Français n’ont pas compris et qu’il faut faire plus de pédagogie. On a eu droit à la stigmatisation : parler de comportements séditieux, de la peste brune, pour disqualifier un mouvement et une colère. Et puis il y a eu la culpabilisation : vous êtes avec vos diesels et vous ne pensez pas à la santé de vos enfants, ce qui est le pire des discours. J’aimerais qu’une délégation des 'gilets jaunes' vienne à la marche pour le climat samedi prochain pour bien indiquer qu’ils sont pour le climat, pour la santé, mais qu’en même temps, ils veulent comme nous de la justice sociale.

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