Premier budget du gouvernement Barnier : "On assiste à une pantalonnade", déplore l'économiste Alain Minc
"On assiste à une pantalonnade", a déploré mardi 29 octobre sur franceinfo l'essayiste et économiste Alain Minc, à propos du premier budget du Premier ministre Michel Barnier actuellement en débat au Parlement. "On sait très bien que pour faire passer ce budget dans les circonstances incroyablement difficiles que nous connaissons, Michel Barnier sera obligé de recourir au 49.3", assure Alain Minc. Selon lui, "la clé de son avenir sera dans les mains de madame Le Pen. Votera-t-elle la motion de censure de la gauche ?"
Pour Alain Minc, "l'image" de la France à l'étranger est atteinte par "cette espèce de délire fiscal où chacun fait preuve d'inventivité pour ajouter un impôt à un impôt. On ne mesure pas les dégâts que cela fait". "L'image de la France est plus que dégradée", estime l'économiste. "Le monde entier a été habitué depuis 1958 à la stabilité des institutions françaises. La gauche gouvernait, la droite gouvernait, mais le système était tenu. C'était notre force."
"Les pires dérives d'une démocratie parlementaire sans en avoir l'expérience"
Alain Minc déplore qu'il y ait aujourd'hui en France "les pires dérives d'une démocratie parlementaire sans en avoir l'expérience ou le savoir-faire" et juge qu'il y a "soit de la commisération de la part de ceux qui nous aiment bien, soit de ce que les Allemands appellent la Schadenfreude, c'est-à-dire la joie honteuse et un peu perverse, de la part de ceux qui ne nous aiment pas".
À l'Assemblée nationale, "les députés devraient penser à cette réalité-là", alerte l'essayiste. Il nomme cette "réalité", qui "n'est pas simplement une affaire d'orgueil". "Ce nom s'appelle le taux d'intérêt ou le différentiel de taux d'intérêt que nous payons par rapport aux Allemands. De ce point de vue là, nous sommes comme quelqu'un qui est en train de patiner sur une fine couche de glace."
"Le tohubohu" sur les arrêts-maladies des fonctionnaires
Face à la situation économique de la France, "il y a le feu", alerte Alain Minc. Il estime que Michel Barnier "est allé aussi loin qu'il le pouvait dans la situation parlementaire si compliquée qui est la sienne". L'essayiste juge que "les réformes de structure, si jamais on pouvait les faire, supposeraient du temps et supposeraient un pouvoir fort". Il critique "le tohubohu sur une chose aussi simple que l'alignement des jours de carence du secteur public sur le secteur privé", allusion à la volonté du gouvernement d'allonger le temps de carence des arrêts-maladies du secteur public et de limiter leur rémunération à 90% au lieu de 100% actuellement".
"Pourquoi un fonctionnaire serait-il mieux remboursé qu'un salarié du privé ?", interroge Alain Minc. "Donner le sentiment qu'on est en train de clouer au pilori les fonctionnaires, c'est vraiment un abus de langage." L'économiste reconnaît que le Premier ministre Michel Barnier "fait avec ce qu'il a en main. Il a aujourd'hui un deux de trèfles et un trois de carreau à la table du poker politique". "Je trouve qu'il les joue aussi bien qu'il le peut, désarmé comme il l'est", conclut Alain Minc.
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