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Frappes en Syrie : Jean-Yves Le Drian défend "une nécessité d'agir vite et parfois par surprise"

Le ministre des Affaires étrangères, invité mardi de franceinfo, a justifié l'absence de vote au Parlement sur l'opération militaire menée en Syrie par la France avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, dans les studios de franceinfo, en août 2018. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Le ministre des Affaires étrangèresinvité mardi 17 avril de franceinfo, a répondu aux critiques du leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sur l'absence d'une discussion préalable au Parlement, avant les frappes en Syrie menées dans la nuit de vendredi à samedi par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis"Il y a une nécessité d’agir vite dans ce genre de situations et d’agir parfois par surprise", a réagi Jean-Yves Le Drian.

"Ce n'est pas une déclaration de guerre, a martelé le ministre. Il y a un acte de force posé par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pour empêcher la prolifération de l'arme chimique." 

Les frappes ont visé "des stocks, une capacité d’assemblage, et le centre de recherche du régime. Ces trois cibles ont été atteintes totalement, l’opération a été réussie", a indiqué le ministre. Tout nous laisse à penser que la Syrie ne peut plus fabriquer d'armes chimiques."

"L'opération a été réussie. C'est une opération à mettre au crédit des armées françaises parce que c'est une opération technique, difficile, dans un environnement hostile et qui a donné des résultats remarquables", a commenté le ministre des Affaires étrangères.  

En cas de récidive, "une riposte identique"

Jean-Yves Le Drian a rappelé la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU de 2013 quant à la destruction des armes chimiques en Syrie. "Or, jusqu'à ce jour, manifestement, dit-il, tout n'a pas été détruit, il reste l'usage de ces armes, et peut-être, encore." Aujourd'hui, selon l'ex-ministre de la défense de François Hollande, "il a été clair pour Bachar al-Assad que, si d’aventure il franchissait à nouveau cette ligne rouge, la riposte serait identique." Le sujet c'est l'arme chimique, nous n'avons pas déclaré la guerre à Bachar al-Assad, nous n'avons pas déclaré la guerre à ses alliés, nous avons simplement fait en sorte que l'arme chimique ne soit plus employée et qu'on ne rajoute cette terreur au peuple syrien."

Après cette attaque, Jean-Yves Le Drian prône "un processus de paix sur la base d'un socle qui reprend des résolutions des Nations unies successives, votées à l'unanimité". C'est sur ces bases que la France a déposé, dimanche dernier, une résolution proposant un processus aboutissant à la paix", a-t-il expliqué. "Peut-être que cette frappe, cette action, révélera l’opportunité de trouver demain le consensus nécessaire pour aboutir à un itinéraire de paix."

Légion d'honneur retirée : "une mesure de salubrité"

Interrogé sur la procédure de retrait de la Légion d'honneur de Bachar al-Assad engagée par la France, Jean-Yves Le Drian a estimé qu'il s'agissait d'"une mesure de salubrité". "Vous ne trouvez pas que c'est la moindre des choses, a-t-il lancé. On a enlevé la légion d'honneur à d'autres pour moins que ça."  

Dans la future Syrie, "la reconnaissance des différences entités"

"Une solution politique en Syrie impliquera obligatoirement la présence des Kurdes et leur représentativité", a affirmé Jean-Yves Le Drian. La reconnaissance des différentes entités qui existent en Syrie est tout à fait indispensable pour que la Syrie puisse être plus sereine, y compris donc les Kurdes."

Récemment, dans l'enclave kurde d'Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, "il y a eu une attaque des Turcs contre les Kurdes et d'autres groupes pour, disent-ils, assurer la sécurité de leurs frontières", a expliqué Jean-Yves Le Drian. "Nous leur avons dit, non, ce n'est pas acceptable", a-t-il précisé. Alors que la Turquie ne semble pas tenir compte des remarques de la France, le ministre l'a mise en garde : "Je ne suis pas sûr qu'ils vont se moquer longtemps. Il y a des étapes, là aussi, à ne pas franchir. Nous souhaitons que les Turcs respectent le cessez-le-feu que nous avions souhaité." 

Un "regain terroriste" au Mali

Appelé à réagir aux récentes attaques au Mali ayant visé des camps de l'ONU et de la force française Barkhane, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a estimé qu"'il y a un regain incontestable" des terroristes islamistes dans le pays. La France est engagée depuis plusieurs années sur place. "Il y a d'abord eu une opération menée par la France pour empêcher que le Mali tombe sous le joug des groupes terroristes. Depuis un an à peu près, il y a un regain d’activité d’un certain nombre de groupes terroristes qui se sont regroupés entre eux et représentent une force significative", a-t-il expliqué. Jean-Yves Le Drian a souhaité que les "forces de sécurité de ces pays du Sahel puissent être plus robustes, vigoureuses, plus organisées et c'est ce que nous mettons en œuvre par la force conjointe"

Regardez l'intégralité de l'entretien de Jean-Yves Le Drian sur franceinfo le 17 avril 2018.

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