L'écologie "n'est pas la tasse de thé" d'Emmanuel Macron, constate Corinne Lepage
L'avocate et ex-ministre de l'Environnement, invitée de franceinfo jeudi, a estimé que le président de la République n'avait pas la "sensibilité" écologiste.
L'ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage, invitée de franceinfo jeudi 2 novembre, a déclaré que l'écologie "n'est pas la tasse de thé" d'Emmanuel Macron.
L'écologie, "ce n'est pas sa formation, sa sensibilité", a-t-elle ajouté. "Je ne suis pas sûre qu'il se rende compte de la gravité de la situation sur le plan climatique", a estimé la présidente de Cap21, une fondation en faveur du développement durable. Pendant la campagne présidentielle, Corinne Lepage dit toutefois "avoir réussi, avec d'autres, à infléchir le programme" du candidat Macron.
Nicolas Hulot a besoin de "soutien"
Corinne Lepage a estimé que Nicolas Hulot "essaie de sauver les meubles" au gouvernement. "C'est pour cela qu'il faut le soutenir", a-t-elle déclaré à propos du ministre de la Transition écologique et solidaire, regrettant qu'on le fasse agir et parler sur des mesures à effet lointain. "Sur les mesures immédiates, le glyphosate, les perturbateurs endocriniens, les milliards dépensés dans le nucléaire, le pauvre malheureux, il ne peut pas grand-chose", a-t-elle lancé.
Si elle était à la place de Nicolas Hulot, Corinne Lepage aurait "probablement" déjà quitté le gouvernement. "Mais je ne suis pas un bon exemple. C'est pour ça que ne n'y suis pas sans doute", a lancé la présidente de Cap 21.
Emmanuel Macron "décide de presque tout"
Corinne Lepage, qui avait soutenu la candidature d'Emmanuel Macron à la présidentielle, a dit lui maintenir sa confiance et souhaité qu'il réussisse, tout en regrettant le "peu d'autonomie" de l'équipe gouvernementale. Dans la manière de décider, il y a une espèce de brutalité", a estimé Corinne Lepage, qui publie un livre intitulé À bout de confiance. Selon l'ancienne ministre, Emmanuel Macron "ne décide pas brutalement, mais il décide de presque tout".
"Certaines personnes ont l'impression de ne pas être considérées", a poursuivi Corinne Lepage. "Il n'y a pas de personnalités très fortes, sauf peut-être Nicolas Hulot qui essaie de faire ce qu'il peut." Elle avait approuvé la création des comités En Marche partout en France au moment de la campagne présidentielle. "J'ai l'impression qu'on est passé à autre chose", a regretté la présidente de Cap 21.
Dans l'attente du pan "solidaire" de la politique fiscale
Interrogée sur l'étiquette de "président des riches" donnée à Emmanuel Macron par les opposants à sa politique, Corinne Lepage a estimé que "ce n'est pas très juste" et que pour le moment, "l'orientation fiscale est plus favorable aux super-riches plus qu'aux classes moyennes".
Toute la campagne s'est faite sur deux-pieds, l'efficacité et la solidarité. Là on voit bien le pied de l'efficacité, celui de la solidarité, j'attends de voir.
Corinne Lepageà franceinfo
Corinne Lepage ne s'est pas prononcée contre la suppression de l'ISF, "qui n'est pas un impôt intelligent" à la condition, a-t-elle ajouté, "qu'il y ait une contrepartie considérable pour tous ceux qui se sont pas concernés par l’ISF et elle n’y est pas".
Par ailleurs, Corinne Lepage a regretté que la loi de moralisation de la vie publique se soit "arrêtée au milieu du gué". "C'est la 31e [loi] et je pense qu'il en faudra une 32e", a-t-elle déclaré. "On n'a pas touché aux questions de financement des partis politiques." L'avocate a estimé que "le monde" était "profondément corrompu au niveau international". "Je suis administratice à Transparency International depuis 20 ans. En France, nous sommes classés 26 ou 27e régulièrement, ce qui n'est pas une catastrophe par rapport à nos voisins, mais ce qui n'est pas terrible."
Regardez l'intégralité de l'entretien de Corinne Lepage sur franceinfo le 2 novembre 2017.
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