SNCF : "Il était temps qu'on comble les retards, les investissements n'ont pas été faits",
déplore Philippe Martinez
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a déploré sur franceinfo lundi 8 janvier à propos de la SNCF que les investissements de l'entreprise aient été concentrés sur les lignes à grande vitesse au détriment des réseaux secondaires.
"Il était temps qu'on comble les retards, les investissements n'ont pas été faits, a réagi lundi 8 janvier sur franceinfo Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. On a beaucoup investi dans les lignes à grande vitesse au détriment des réseaux secondaires."
"On a perdu des métiers dans tous les domaines"
Le patron de la SNCF Guillaume Pepy et le responsable du réseau, Patrick Jeantet, sont reçus ce lundi par la ministre des Transports Elilsabeth Borne pour aborder les nombreux problèmes que la SNCF a rencontré ces dernières semaines gare Montparnasse et gare de Lyon. Guillaume Pepy a expliqué que ces incidents étaient "largement dus à un retard dans les investissements sur le réseau classique", mais qu'en 2018 la SNCF réseau avait des crédits "jamais atteints" pour faire la maintenance et de la modernisation.
"Il y a des problèmes d'effectifs, poursuit Philippe Martinez. On a supprimé beaucoup d'emplois à la SNCF, des savoir-faire. Cela explique une très grande part des problèmes. La CGT alerte depuis longtemps. Il faut embaucher parce qu'on a perdu des métiers dans tous les domaines." Il appelle à "redonner de la cohérence à la SNCF" : "Il faut retrouver un groupe compact avec des gens qui travaillent mieux ensemble, insiste Philippe Martinez. Et arrêter de sous-traiter, de faire des partenariats avec le privé qui coûtent beaucoup d'argent à la SNCF."
"La balle est dans le camp du gouvernement"
Les problèmes financiers de la SNCF sont liés "à des investissements parfois douteux". "C'est le premier transporteur de marchandises en France : on a développé le fret routier au détriment du fret ferroviaire. Un train de marchandises, c'est 55 camions de 32 tonnes. Donc, il y a des choses à revoir."
Ces problèmes seraient, selon lui, le résultat d'une "mauvaise politique des gouvernements qui se sont succédés". Guillaume Pepy serait en partie responsable : "Il y est sûrement pour quelque chose. Il applique ce qu'on lui dit de faire, mais évidemment et sûrement qu'il en rajoute en matière de suppression d'emplois." Pour Philippe Martinez, "la balle est dans le camp du gouvernement".
Les cheminots ont un régime de retraite spécifique. Le gouvernement envisage de le réformer. Ce régime "est encore valable si on embauche des gens pour continuer à cotiser", estime le patron de la CGT. "C'est le même problème que pour le régime général : moins il y a de cotisants, plus on supprime les cotisations sociales, moins il y a de rentrées d'argent et plus il y a de problème."
"Choqué" par les voeux d'Emmanuel Macron
Lors de ses vœux, Emmanuel Macron a insisté sur l'importance travail "au cœur de notre projet commun". Ce discours a "choqué" et n'a pas vraiment convaincu Philippe Martinez. "Je lui avais proposé dès mon premier entretien d'avoir une vraie réflexion sur ce qu'est le travail. Pour l'instant, il parle plus d'emploi et de chômage."
"J’ai été choqué quand il a demandé aux citoyens de penser à ce qu’ils allaient faire tous les matins [pour le pays]. On pourrait lui renvoyer la question : qu’est-ce que vous faites, vous, tous les matins ? En cassant les droits collectifs des travailleurs, est-ce que vous oeuvrez pour la France, pour le bien-être ?", s'interroge Philippe Martinez.
Emmanuel Macron a annoncé un grand projet social en 2018. "On va l'attendre. Si le projet social c'est de culpabiliser les chômeurs, c'est de donner moins aux retraités et de prolonger l'âge de la retraite, on peut appeler ça un projet social, mais ce n'est pas notre conception."
"Un chômeur sur deux ne touche rien"
Le président a annoncé que le contrôle des chômeurs allait être renforcé. "Combien cela représente ? 13%. Donc, on met un épiphénomène en avant pour justifier le fait que l'ensemble des privés d'emploi vont être contrôlés. Il a oublié de rappeler qu'un chômeur sur deux ne touche rien", explique Philippe Martinez. "C'est tromper les gens que de dire que le problème ce sont ceux qui ne cherchent pas de boulot."
Les syndicats ont fait de nombreuses propositions notamment sur la formation professionnelle, l'apprentissage, l'assurance chômage. Emmanuel Macron s'est engagé à écouter tout le monde. "Qu'il essaie d'écouter la CGT et d'entendre ses propositions. Le problème de l'indemnisation des chômeurs aujourd'hui c'est une question de recettes. Il n'y a pas que la CGT qui demande des augmentations de salaires et des réductions du temps de travail. En Allemagne, ils demandent des augmentations de salaire et ils veulent travailler 28 heures. Nous on avait dit 32 heures et certains se moquaient de nous."
"On a touché le plus de cotisations depuis 10 ans"
La CGT a comptabilisé 427 431 adhérents en novembre, en baisse de 8% sur un an, un recul lié à des "retards habituels" de cotisations, a assuré une dirigeante du syndicat, démentant catégoriquement une information du Canard enchaîné, évoquant une chute de 34%. "Cela prouve que même d'excellent journalistes peuvent avoir des problèmes d'information ou de connaissances", a réagi ce lundi sur franceinfo Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
"A la CGT, on est en train de finaliser l'année 2016, explique Philippe Martinez. Les adhérents paient mais comme ils ont des problèmes d'argent, comme tout le monde, parfois ils paient en retard. La référence c'est 2016 et on est à moins 20 000 adhérents par rapport à 2015. Là on est à - 5% de 2016 par rapport à 2015. On doit être à 670 000 adhérents environ. Le mois de décembre 2017, c'est le mois où on a touché le plus de cotisations depuis 10 ans."
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