Gérard Larcher : "Emmanuel Macron essaye de faire du 'en même temps', moi j'ai envie de faire du 'partagé'"
Le président du Sénat était l'invité du "8h30 Fauvelle-Dély", jeudi 28 février sur franceinfo.
Il n'est toujours pas macroniste, le président du Sénat Gérard Larcher, invité du "8h30 Fauvelle-Dély", jeudi 28 février. "Je vois qu'il tente beaucoup d'électeurs de droite", dit-il à propos du président de la République. "Il essaye de faire du 'en même temps', moi j'ai envie de faire du 'partagé", explique Gérard Larcher. Le sénateur des Yvelines dit aussi ne pas avoir "du tout, la même vision de la place de mon pays en Europe" avant d'ajouter : "Je suis d'abord un homme qui croit que notre pays est composé de territoires. La commune, c'est la petite République dans la grande. Les 35 000 communes de France, elles incarnent un pays. Voilà pourquoi je suis attaché à ce que demain, une des conséquences du débat soit une nouvelle étape de la décentralisation."
Toujours Républicain, le président du Sénat marque toutefois sa différence avec la ligne actuelle du parti. "Sans doute Les Républicains se sont-ils déplacés sur un certain nombre de valeurs plus à droite que moi, mais je suis membre des Républicains. J'entends y demeurer et faire valoir mes choix, mes propositions." affirme-t-il. Il assure d'ailleurs qu'il soutiendra la liste menée par François-Xavier Bellamy aux élections européennes. "Je ne le soutiendrai pas du bout des lèvres" dit-il.
Air France : soutien à la demande d'explication de l'Élysée
"Ce ne sont pas des méthodes entre deux gouvernements de l'Union européenne" a estimé Gérard Larcher, après l'entrée surprise de l'État néerlandais au capital d'Air France-KLM à hauteur de 14%. "Cela traduit l'état de turbulences que traverse l'Europe", souligne le deuxième personnage de l'État. "Je comprends la demande d'explication du président Macron, a-t-il affirmé. Le raid était caché. Je soutiens totalement les demandes d'explications du président de la République et le Parlement pourra s'en saisir."
Le RIP plutôt que le RIC
"Je ne suis pas favorable au RIC, je suis favorable à ce que le procédure référendaire soit améliorée", dit Gérard Larcher à propos du référendum d'initative citoyenne défendu par les "gilets jaunes". Un groupe de travail du Sénat s'est penché sur le référendum d'initiative partagée (RIP), un outil déjà existant, pour "qu'il soit demain plus praticable, et qu'il ait deux entrées : soit par la voie parlementaire, soit par la voie des citoyens eux-mêmes", a expliqué le président du Sénat. "Nous arbitrerons au mois de mars mais la proposition faite est au moins d'abaisser de moitié" le seuil requis pour délencher cette disposition, soit à 2 millions d'électeurs : "c'est le chiffre autour duquel la discussion est ouverte", précise Gérard Larcher.
Depuis son introduction dans la Constitution en 2008, le RIP n'a jamais été utilisé. Il suppose en effet que la proposition de loi soumise à référendum soit déposée par au moins un cinquième des parlementaires et recueillir l'aval d'au moins un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales, soit 4,5 millions de personnes.
Rouvrir le débat sur le cumul des mandats
Toujours au chapitre des réponses institutionnelles face à la crise des "gilets jaunes", le président Les Républicains du Sénat souhaite que soit "rouvert" le débat sur le non-cumul des mandats des maires, avec la possibilité de "cumuler un exécutif local, peut-être jusqu'à une certaine taille".
Pour celui qui été longtemps le maire de Rambouillet (Yvelines), avec la crise des "gilets jaunes", qui "traduit un besoin de proximité", l'élu local est "en train enfin de retrouver (sa) vraie place: il est le ciment de la République", a fait valoir Gérard Larcher.
"L'importance du bicamérisme"
L'affaire Benalla et sa commission d'enquête "ont démontré l'importance du bicamérisme, d'avoir une assemblée qui ne procède pas de l'élection présidentielle", affirme Gérard Larcher. "Le Sénat tout simplement fait fonctionner la démocratie parlementaire. Le Parlement, le Sénat, votent la loi et contrôlent le gouvernement", souligne le président de la chambre haute. Le rapport de la commission d'enquête sur l'affaire Benalla "est à l'honneur du Sénat et de la démocratie parlementaire. Je suis fier de mes collègues qui ont fait un rapport solide" salue le président du Sénat.
Retrouvez l'intégralité de l'émission "8h30 Fauvelle-Dély" du jeudi 28 février 2019 :
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