Inflation, récession, énergie, retraite, emploi, fiscalité, immobilier... Ce qu'il faut retenir de l'interview de François Villeroy de Galhau
Le gouverneur de la Banque de France était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 9 mars 2023.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, était l'invité du 8h30 franceinfo, jeudi 9 mars 2023. Inflation, récession, énergie, retraite, emploi, fiscalité, immobilier... Il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Marc Fauvelle.
Inflation : elle va "vers 2 % d'ici fin 2024 à fin 2025"
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a affirmé que l'inflation allait "baisser d'ici juin" et "encore plus d'ici la fin de l'année" alors qu'elle se situe aux alentours de 6,2% sur un an actuellement. "Nous estimons qu'elle devrait être à peu près divisée par deux d'ici la fin de l'année. Nous allons ramener l'inflation vers 2% qui est notre objectif d'ici fin 2024 à fin 2025", a-t-il assuré. "Ce n'est pas seulement une prévision que nous faisons, c'est un engagement que nous prenons vis-à-vis des Français", a-t-il affirmé.
La Banque de France augmentera probablement les taux d'intérêt, "l'arme la plus efficace" pour cela, a-t-il indiqué. Selon lui, le pic des prix alimentaires devrait durer "encore une partie de l'année", mais ces derniers "devraient commencer à freiner d'ici la fin de l'année", explique-t-il. "Il y a toujours un délai de transmission de l'ordre de trois trimestres à peu près entre l'évolution des prix en amont et jusqu'aux prix à la consommation", a-t-il indiqué.
Économie : "On va échapper à la récession"
"On va échapper à la récession", a rassuré le gouverneur de la Banque française. Pour l'économie française en 2023, "on pouvait hésiter entre deux 'R' : Récession ou ralentissement, ça devrait être ralentissement", a-t-il affirmé. "Sauf événement mondial majeur - évidemment qu'on ne peut pas prévoir - la France, comme l'Europe d'ailleurs échappera à la récession cette année", a-t-il affirmé. La Banque de France publiera sa prévision de croissance le 20 mars prochain : "Nous relèverons un peu notre prévision de croissance 2023 qui était à 0,3%" jusqu'à maintenant, a-t-il indiqué, "comme cela se passe un peu mieux que prévu". François Villeroy de Galhau a souligné "deux bonnes surprises" pour l'économie française : "Le taux de marge des entreprises a reculé moins qu'on ne le prévoyait" et "le pouvoir d'achat en moyenne" des ménages "a été maintenu", se référant à une étude de l’Insee.
Énergie : "Un sujet de préoccupation un peu moins fort" pour les entreprises
Selon le gouverneur, la hausse des prix de "l'énergie reste un sujet" pour les entreprises, "mais c'est un sujet de préoccupation un peu moins fort qu'à l'automne dernier parce que les prix se sont un peu assagis", a-t-il indiqué. "Le prix du pétrole et le prix du gaz sur les marchés internationaux a nettement baissé sur la deuxième moitié de 2022. On est revenu à des prix inférieurs à ceux qu'on avait avant l'invasion russe en Ukraine", a-t-il expliqué. L'amélioration sur le front de l'énergie "va beaucoup contribuer à la baisse de l'inflation", a-t-il expliqué.
Réforme des retraites: "Dialogue" plutôt que "le blocage"
Quand "il y a des désaccords" en démocratie, il est préférable "de régler ça par le dialogue que par le blocage", estime François Villeroy de Galhau. Alors que le texte est en discussion au Sénat, le gouverneur n'a pas souhaité se positionner clairement sur la réforme des retraites du gouvernement, mais a glissé quelques messages : "Le bon sens dit que quand la durée de vie s'allonge, il faut un peu toucher au curseur. Mais ça doit être une réforme juste", a-t-il expliqué. Il a tenu à faire une mise au point sur le régime des retraites autonomes des salariés de la Banque de France : "Les hommes et les femmes de la Banque de France n'ont pas le moindre privilège, le moindre avantage en termes de retraite. Ils appliquent exactement les règles de la fonction publique. Aujourd'hui, ils partent en retraite à 62 ans", a-t-il affirmé, réfutant le terme de "régime spécial".
Emploi : le "plein emploi d'ici 5 ans"
François Villeroy de Galhau assure que le plein emploi en France "est une perspective tout à fait réaliste" d'ici "cinq ans. Selon lui, "on n’y arrivera pas cette année parce qu'il y a le ralentissement de l'économie". Mais il a rappelé que "les entreprises françaises continuent à ressentir des difficultés de recrutement pour 52%", d'entre elles. Pour atteindre le plein emploi, selon lui, il faut d'abord gagner "une bataille absolument clé", celle "de la formation et des compétences". "Le taux d'emploi des seniors a un peu remonté en France, il reste très inférieur à celui de l'Allemagne et beaucoup de nos voisins", a-t-il regretté. Il souhaite "un effort des entreprises" françaises, notamment.
Fiscalité : appel à la "stabilité fiscale"
Alors que la dette de la France va atteindre près de 3 000 milliards d'euros, certains proposent d'augmenter les impôts. De son côté, François Villeroy de Galhau appelle à une "stabilité fiscale" avec "ni hausse ni baisse". Selon lui, "cela aiderait à la confiance". "J'ai toujours appelé à la prudence sur de nouvelles baisses d'impôts parce que nous n'avons pas les moyens de les financer. Je ne crois pas non plus que faire des hausses d'impôts soit forcément très bon en termes de signal", a-t-il expliqué. Alors que les oppositions à gauche appellent à taxer les superprofits des grands groupes qui s'enrichissent en cette période de crise économique, le gouverneur prône, de son côté, "un peu de vigilance peut-être par rapport aux marges de certains secteurs".
Immobilier : "Nous sommes en train de revenir à la situation d'avant 2015"
"Nous sommes en train de revenir à la situation d'avant 2015", a affirmé François Villeroy de Galhau, date à laquelle les taux d'intérêt ont commencé à devenir très bas. Pour les taux hors frais et assurances, "on est entre 2 et 3%", indique-t-il. "On est à peu près à 70 000 prêts par mois", a-t-il ajouté, un niveau, encore une fois, équivalent à la période avant 2015. "Nous verrons jusqu'où cela peut aller", mais "soyons clairs, le crédit immobilier est moins facile" aujourd'hui en France. Mais "la remontée des taux se passe de façon plus progressive et plus ordonnée qu'ailleurs", souligne-t-il.
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